Perquisitions dans quatre agences de pompes funèbres islamiques.

le GIPN perquisitionne plusieurs agences d’une société de pompes funèbres musulmanes

Publié le 27/11/2013 - Mis à jour le 26/11/2013 à 20:00

Par A. D., B. DU, R. L. et N. W.

D’importants moyens de police, constitués du GIPN et de membres des renseignements intérieurs (DCRI), opèrent depuis ce mardi matin une série de descentes dans le Nord, à Lille, Roubaix et Maubeuge. Ils visent la société de pompes funèbres musulmanes El Ouadjib. Une opération identique est en cours en début d’après-midi à Maubeuge. Selon nos informations, l’opération est pilotée depuis Paris, dans le cadre d’un dossier antiterroriste, sur des filières djihadistes vers la Syrie.

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Une dizaine de grosses berlines banalisées mais portant des gyrophares, certaines immatriculées à Paris, et précédées de camionnettes du GIPN. Depuis ce mardi matin, un cortège très spécial parcourt les autoroutes du Nord ponctuant ses arrêts de grosses descentes de police, sous la direction, selon nos informations, des renseignements intérieurs (DCRI).

Le convoi est vu ainsi une première fois vers 9 h 20, sur le périphérique Est de Lille en direction de Roubaix. Dix minutes plus tard, il stoppe rue de l’Alouette à Roubaix dans le quartier de l’Épeule, devant la société de pompes funèbres musulmanes El Ouadjib. Selon un riverain, l’établissement est fouillé et une personne aurait été interpellée.

Peu avant midi, le convoi réapparaît cette fois à Lille, rue des Postes, devant une autre succursale de la même société de pompes funèbres. « Ça a duré une demi-heure, explique un témoin, il y avait une dizaine de policiers dans la boutique, et quatre ou cinq dehors très bien équipés, cagoulés, bien armés avec des mitraillettes. » Que sont-ils venus chercher ? Des riverains évoquent une simple fouille. « Ils sont repartis sans arrêter personne », dit l’un d’eux. Interrogé en début d’après-midi, un membre de la société de pompes funèbres indiquait juste : « Ils ont débarqué chez nous subitement, on a été très surpris. Ils sont entrés mais ils n’ont rien emporté. Je ne peux rien dire de plus. »

En début d’après-midi, le convoi est arrivé à Maubeuge, rue d’Haumont, devant une troisième succursale d’El Ouadjib, laquelle avait ouvert en février 2012. Les policiers ont réalisé des photos à l’intérieur de l’établissement. L’intervention a duré près de deux heures, elle n’a pas donné lieu à des interpellations. La dizaine de véhicules est reparti sous les yeux médusés et interrogatifs des habitants du quartier.

Une source judiciaire à Paris confirme le placement en garde à vue, pour quatre jours au maximum, d’un homme de 35 ans domicilé à Sallaumines (Pas-de-Calais). Il a été interpellé dans le cadre d’une information judiciaire pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme. L’ensemble de l’opération s’est déroulée sur commission rogatoire d’un juge antiterroriste parisien.

L’enquête concerne des filières djihadistes vers la Syrie. Dans ce dossier, deux jeunes d’une vingtaine d’années avaient été interpellés le 15 octobre dernier. L’un d’eux, arrêté apparemment à Lille, serait allé en Syrie afin de combattre le régime de Bachar al-Assad au sein de groupes djihadistes. Il a été écroué. L’autre se serait rendu à la frontière turque. Après sa mise en examen, il a été libéré sous contrôle judiciaire.

De jeunes Roubaisiens engagés en Syrie

Début septembre, on apprenait d'ailleurs la mort aux côtés des troupes rebelles de Sofiane, un jeune Roubaisien âgé de 20 ans. Si encore aujourd'hui l'information n'a jamais été officialisée, on sait que les autorités locales ont été avisées par la DCRI du décès, mi-septembre. La mère du jeune garçon avait, elle, reçu un coup de fil, en pleine nuit, d'une personne lui signifiant que son fils était mort lors de combats. Cette personne présentée à l'époque comme un «compagnon d'arme», un terme que ses proches réfutent, avait été chargée d'alerter la mosquée fréquentée par le jeune homme puis sa famille. «C'est toujours dans cet ordre qu'ils procèdent», explique un fin connaisseur de ce type de dossiers.

Depuis cette annonce, les proches de Sofiane sont dans l'expectative. Ils n'ont jamais cru que le jeune garçon était parti «faire le djihad». «Il n'est pas parti en Syrie pour faire n'importe quoi au nom de la religion, nous expliquait sa mère, en quête de réponses à ses trop nombreuses questions.S'il est parti là-bas, c'est parce qu'il pensait bien faire. C'était un jeune idéaliste! On peut aussi dire qu'il est parti là-bas pour combattre un dictateur.»

Fin juillet 2013, pourtant, alors que le jeune Sofiane avait disparu des radars locaux, une note avait été adressée au parquet des mineurs de Lille. Y était évoqué un risque «d'embrigadement» d'un jeune homme décrit comme «écorché vif». Au passage, il se murmure d'ailleurs que d'autres Roubaisiens sont encore présents dans l'enfer syrien. D'autres, plus chanceux, seraient revenus du conflit. Récemment, des avocats s'alarmaient de la «disparition» subite de deux de leurs clients. Il est difficile néanmoins de parler d'une filière roubaiso-syrienne. Selon une source policière, très récemment, des «sergents recruteurs» ont été aperçus à proximité des lieux de culte de la métropole lilloise. Des agents qui persuaderaient de jeunes hommes de se rendre,via Bruxelles, dans des campements situés en Turquie à proximité de la frontière syrienne, «peut-être dans un but humanitaire».