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Comment «couvrir» le FN...?
Dim 13 Mar 2011 - 12:36
Rompons le cou à une idée reçue :
ce ne sont pas les médias qui font
la popularité de Marine Le Pen.
ce ne sont pas les médias qui font
la popularité de Marine Le Pen.
Marine Le Pen, invitée de Radio J, a finalement été déprogrammée. Sans rentrer dans les débats qui peuvent agiter les auditeurs de Radio J et tout en comprenant les raisons qui poussent la direction de cette radio à ne pas inviter la représentante d’un parti qui compte encore beaucoup de responsables dont l’antisémitisme ne fait pas de doute (pour avoir couvert le FN pendant de longues années, j’ai moi-même été témoin de conversations et de propos sans équivoques de la part de cadres de ce parti), on peut quand même profiter de cette affaire pour tenter de tordre le cou à une idée reçue qui semble avoir la vie dure: celle qui voudrait que ce soient les médias qui font le succès du FN.
Des médias suivistes
Le FN est populaire pour tout un tas de raisons politiques, sociologiques, et les médias accompagnent cette popularité, la reflètent plus qu’ils ne la créent en invitant Marine Le Pen par exemple.
De même les médias n’ont pas fait non plus les popularités de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en 2006-2007, et ils ne font pas plus leur disgrâce d’aujourd’hui.
Nous ne nous réunissons pas entre éditorialistes, reporters politiques et patrons de journaux pour décider qui nous allons porter au pinacle et qui nous allons descendre en flammes.
Le reproche que l’on pourrait nous faire serait plutôt d’être suivistes d’une opinion qui se forme pour des raisons politiques et que nous percevons plus ou moins bien.
Ce suivisme amplifie-il des moments de rejet? On nous accuse alors de nous acharner de pratiquer le lynchage médiatique. Amplifie-il aussi les moments de popularité? On nous accuse alors de créer un phénomène médiatique artificiel.
En fait, nous vivons dans l’ère du capitalisme de la presse, les hebdos font des unes favorables ou défavorables qui marchent. Si elles marchent c’est bien qu’il y a une popularité ou une impopularité réelle, du moins une curiosité…
Il est vrai que Marine Le Pen bénéficie en ce moment d’un traitement de faveur, elle est bien moins «diabolisée» que son père.
Mais c’est elle qui dé-diabolise le FN. Marine Le Pen n’aurait sans doute pas eu droit à ces images avantageuses dans ELLE sans avoir renoncé explicitement aux provocations verbales et à toutes les lubies néo-révisionnistes de son père.
Pour quel effet?
Elle modère son discours. On peut penser que c’est du bidon et qu’elle est tout aussi facho que son père, mais elle, elle dit le contraire, et, pour nous, commentateurs, la sincérité n’est pas une valeur sur laquelle il est très prudent de s’appuyer dans l’analyse politique. Mieux vaut s’en tenir aux paroles et aux actes.
Ne plus inviter Marine Le Pen sous prétexte de la combattre, serait d’abord sortir de notre rôle, mais surtout, ça n’aurait aucun effet politique assuré.
Pour avoir donc couvert le FN dans les années 1990, j’ai pu constater qu’il y a eu trois phases dans la médiatisation de ce parti. Premier temps, Jean-Marie Le Pen, bête médiatique, était invité partout, tout le temps. Puis journalistes, téléspectateurs et auditeurs se sont, semble-t-il, lassés. On ne le voyait plus pendant de longs mois. Enfin, une troisième phase durant laquelle il était invité, comme les autres, à peu près à hauteur de ce qu’il représentait.
Eh bien, à chaque période, la presse était critiquée: «Vous le surévaluez, vous le sous-évaluez ou vous le banalisez», nous disait-on.
Ces trois phases ne correspondaient d’ailleurs pas forcément à des périodes fastes –ou pas– du FN. Ça n’avait pas de rapport.
Ce qui peut, peut-être, favoriser le FN, ce n’est donc pas d’en parler ou de lui donner la parole; ce serait plutôt de sur-couvrir certains aspects de l’actualité, certains faits divers ou évènements qui donnent une vision du monde au travers d’un prisme sécuritaire. Ça reste, certes une responsabilité médiatique, mais d’une toute autre nature…
Des médias suivistes
Le FN est populaire pour tout un tas de raisons politiques, sociologiques, et les médias accompagnent cette popularité, la reflètent plus qu’ils ne la créent en invitant Marine Le Pen par exemple.
De même les médias n’ont pas fait non plus les popularités de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en 2006-2007, et ils ne font pas plus leur disgrâce d’aujourd’hui.
Nous ne nous réunissons pas entre éditorialistes, reporters politiques et patrons de journaux pour décider qui nous allons porter au pinacle et qui nous allons descendre en flammes.
Le reproche que l’on pourrait nous faire serait plutôt d’être suivistes d’une opinion qui se forme pour des raisons politiques et que nous percevons plus ou moins bien.
Ce suivisme amplifie-il des moments de rejet? On nous accuse alors de nous acharner de pratiquer le lynchage médiatique. Amplifie-il aussi les moments de popularité? On nous accuse alors de créer un phénomène médiatique artificiel.
En fait, nous vivons dans l’ère du capitalisme de la presse, les hebdos font des unes favorables ou défavorables qui marchent. Si elles marchent c’est bien qu’il y a une popularité ou une impopularité réelle, du moins une curiosité…
Il est vrai que Marine Le Pen bénéficie en ce moment d’un traitement de faveur, elle est bien moins «diabolisée» que son père.
Mais c’est elle qui dé-diabolise le FN. Marine Le Pen n’aurait sans doute pas eu droit à ces images avantageuses dans ELLE sans avoir renoncé explicitement aux provocations verbales et à toutes les lubies néo-révisionnistes de son père.
Pour quel effet?
Elle modère son discours. On peut penser que c’est du bidon et qu’elle est tout aussi facho que son père, mais elle, elle dit le contraire, et, pour nous, commentateurs, la sincérité n’est pas une valeur sur laquelle il est très prudent de s’appuyer dans l’analyse politique. Mieux vaut s’en tenir aux paroles et aux actes.
Ne plus inviter Marine Le Pen sous prétexte de la combattre, serait d’abord sortir de notre rôle, mais surtout, ça n’aurait aucun effet politique assuré.
Pour avoir donc couvert le FN dans les années 1990, j’ai pu constater qu’il y a eu trois phases dans la médiatisation de ce parti. Premier temps, Jean-Marie Le Pen, bête médiatique, était invité partout, tout le temps. Puis journalistes, téléspectateurs et auditeurs se sont, semble-t-il, lassés. On ne le voyait plus pendant de longs mois. Enfin, une troisième phase durant laquelle il était invité, comme les autres, à peu près à hauteur de ce qu’il représentait.
Eh bien, à chaque période, la presse était critiquée: «Vous le surévaluez, vous le sous-évaluez ou vous le banalisez», nous disait-on.
Ces trois phases ne correspondaient d’ailleurs pas forcément à des périodes fastes –ou pas– du FN. Ça n’avait pas de rapport.
Ce qui peut, peut-être, favoriser le FN, ce n’est donc pas d’en parler ou de lui donner la parole; ce serait plutôt de sur-couvrir certains aspects de l’actualité, certains faits divers ou évènements qui donnent une vision du monde au travers d’un prisme sécuritaire. Ça reste, certes une responsabilité médiatique, mais d’une toute autre nature…
Thomas Legrand
Source : http://www.slate.fr/story/35209/le-pen-fn-medias
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