PRESSE : Marine Le Pen: "Je suis la dernière défenseure des libertés"

Marine Le Pen s'est prêtée au jeu des grands entretiens que nous réalisons "En direct des QG de campagne" avec LCI. Parrainages, sortie de l'euro, sécurité... La candidate du FN a répondu à toutes les questions des lecteurs de Metro.
Ufuk : Risquez-vous vraiment de ne pas avoir vos 500 parrainages, ou est-ce du bluff ?
J’en suis à un peu moins de 400 promesses de signature et nous rencontrons énormément de difficultés. La théorie du bluff est diffusée par nos adversaires politiques, qui cherchent à aggraver nos problèmes en envoyant aux maires un signal disant : “Marine Le Pen vous ment, elle n’a pas besoin de vos parrainages.” Clairement, je crois que l’UMP a pris la décision de m’empêcher d’être candidate en pensant que c’est la meilleure chance pour Nicolas Sarkozy d’être au second tour. Mais on va se battre jusqu’au bout.

Aurélie : Comment comptez-vous sortir de l’euro sans ruiner les Français, à commencer par les classes moyennes ?
D’abord, je pense que la classe moyenne est ruinée par l’euro, qui a été un accélérateur des prix considérable. Et aujourd’hui, je suis persuadée que la zone euro va s’effondrer : on voit bien que la crise de la dette est une spirale sans fin. La seule solution du PS et de l’UMP, c’est l’austérité. Elle aggrave la situation, puisqu’elle tue le pouvoir d’achat, donc contracte l’économie et fait entrer en récession. Si on continuait dans cette folie, je pense qu’on serait confrontés à des émeutes sociales et qu’on ne pourrait pas faire autrement que d’organiser le retour aux monnaies nationales. Je dis donc que, plutôt que subir le chaos, l’impréparation, il faut anticiper avec nos partenaires européens.

Sylvain : Renault vient d’ouvrir une usine Dacia au Maroc. Que proposez-vous pour qu’une telle usine soit construite à l’avenir en France ?
C’est très clair : il ne faut pas que Renault ait intérêt à aller fabriquer la Dacia au Maroc. Si le constructeur y produit ses voitures à bas coût et qu’il peut ensuite les vendre en France en se faisant une marge maximal, il va continuer à délocaliser, et de plus en plus loin. Donc moi, je mets des droits de douane aux frontières. Je dis : “M. Renault, vous avez décidé d’aller construire votre Dacia à l’étranger, très bien. Mais, quand vous la rapatrierez, vous serez taxé de 35 %. Par conséquent, vous n’avez plus intérêt à délocaliser.”

Antoine : Vous prônez des mesures protectionnistes, mais un pays comme la France peut-il vivre en autarcie ?
Une vraie caricature est faite du protectionnisme, qui a lui aussi été diabolisé. Quand vous utilisez ce mot au Parlement européen, c’est limite si les huissiers ne vous mettent pas dehors ! Il ne faut pas confondre le protectionnisme et l’autarcie. La mondialisation dérégulée que nous vivons aujourd’hui, c’est le torrent qui emporte tout sur son passage. L’autarcie, c’est le barrage qui maintient l’intégralité des flots. Les droits de douane que je veux mettre en œuvre, ce sont des écluses : je veux les moduler pour régler les différences de niveaux qui existent entre les produits qui sont importés et ceux que nous produisons nous-mêmes.

Antoine : Vous proposez d’appliquer la priorité nationale. Comment souhaitez-vous mettre en œuvre une telle mesure discriminante ?
La priorité nationale, c’est un système où, à compétence égale, un employeur doit démontrer qu’il n’a pas pu trouver de travailleur français pour pouvoir embaucher un travailleur étranger. Je trouve parfaitement normal que les Français, qui n’ont qu’un seul pays, puissent y avoir une priorité d’accès à l’emploi, au logement ! Ça ne veut pas dire qu’on va interdire l’embauche d’un travailleur étranger s’il a des compétences qu’un Français n’a pas. Mais aujourd’hui, on fait entrer 200 000 personnes légalement chaque année en France. C’est l’équivalent de la ville de Rennes. Y a-t-il de l’emploi pour 200 000 personnes supplémentaires, de la place pour 200 000 logements supplémentaires chaque année ? Nous ne pouvons pas demander à des gens de venir alors que nous n’avons plus rien à leur offrir.

David : A quoi ressemblerait une France sous Marine Le Pen ? Ce serait le retour à avant mai 1968 ?
Je pense que je suis la dernière défenseure des libertés dans notre pays. J’ai été la seule à monter au créneau contre toutes les lois Hadopi qui visent à contraindre Internet. Je suis la seule défenseure des libertés individuelles, étant entendu qu’elles ne s’exercent pas dans le chaos : je veux rétablir la sécurité, mais je ne veux pas faire un Etat policier, je veux un Etat dans lequel les plus modestes puissent vivre en sécurité. Je suis pour le référendum d’initiative populaire, pour mettre en place la proportionnelle. Qu’est-ce qu’il y a de plus démocratique ? Non seulement personne n’a rien à craindre avec moi en matière de liberté, mais tout le monde a tout à attendre. Lorsque j’aurai des grandes réformes à faire, je les soumettrai par référendum.

Sylvain : Vous parlez beaucoup de répression mais jamais de suivi éducatif ou social. Que préconisez-vous pour l’accompagnement des sortants de prison et, de manière générale, pour lutter contre la récidive ?
C’est bien, la prévention, mais ne faire que ça ne marche pas. Et aujourd’hui, on n’a pas les moyens
de la répression. Quand 80 000 peines ne sont pas appliquées, il n’y a rien de pire : c’est l’incitation à la récidive. Commençons par avoir des policiers et des juges qui fassent leur métier, et pour cela il faut multiplier le budget de la justice par deux. Je demande aussi 40 000 places de prison supplémentaires, car il faut se donner les moyens d’une politique pénitentiaire digne. La “psychiatrisation”, qui consiste à dire systématiquement que les gens sont malades, est une des raisons de la récidive. Introduisons des criminologues capables de dire quels sont les niveaux de risque de récidive chez les uns et chez les autres. Enfin, je suis navrée de vous dire que les peines sont pour beaucoup trop faibles dans notre pays. Quand je vois que quelqu’un qui tue trois personnes sort au bout de vingt ans et peut croiser la famille de ses victimes...

Aurélie : La peine de mort est toujours d’actualité pour vous ?
Sur cette question, je suis très respectueuse de ce que les gens peuvent penser, d’abord parce que, sur le plan religieux, des gens y sont opposés, y compris dans mon propre camp. Je laisse donc le choix par référendum : soit on rétablit la peine de mort, soit on établit la perpétuité réelle, c’est-à-dire qu’on ne sort plus jamais. A titre personnel, je suis pour la peine de mort. Je pense que sa disparition a entraîné l’effondrement du niveau des peines. Et je suis avocate, j’ai vu beaucoup de peines de mort appliquées aux victimes.

David : Quels chantiers urbains mettre en œuvre pour faire respirer les banlieues et les rendre plus vivables ?
Je pense que la politique qui consiste à recréer des quartiers à taille humaine, avec des immeubles limités dans leur hauteur, est bonne. Mais c’est très certainement le retour de la sécurité qui en réalité permettra aux banlieues de se développer sur le plan économique : ce sont les problèmes de sécurité qui font fuir les commerçants, qui limitent l’intervention des services publics, les transports... Il y a des méthodes qui n’ont pas été mises en œuvre. Par exemple, les policiers savent pertinemment qu’il y a à peu près 5 000 leaders de criminalité en France. En huit mois, en arrêtant ces 5 000 personnes, vous ferez baisser la délinquance de 50 %.

Ufuk : Donnerez-vous de nouveaux droits aux homosexuels ?
Quel droit veulent-ils d’autre que celui à l’indifférence ? Je considère que l’orientation sexuelle fait partie de la vie privée. Le mariage, l’adoption par les couples homosexuels, je suis contre.L'Etat n'a pas à aller voir comment les gens vivent leur sexualité.

Metro : Quelle serait votre première décision si vous êtes élue le 6 mai ?
Je n’irai pas au Fouquet’s en tout cas. J’emmènerai peut-être mes partisans chez Tonton, un restaurant portugais éminemment sympathique... Ma première décision politique, ce serait de nommer un ministre des Souverainetés, parce que je crois que la souveraineté a été captée par les structures supranationales. Je veux rendre la liberté au peuple français de décider de lui-même.

http://www.metrofrance.com/presidentielle-2012/marine-le-pen-je-suis-la-derniere-defenseure-des-libertes/plbl!4WjWE6OQnWL7onFfvWyxaw/

Pas mal ce principe de questions/réponses ...

Et comme à son habitude, toujours des réponses claires et compréhensibles de tous.
Pas d'embrouille, pas de cafouillage, au contraire des autres, toujours la même
ligne directrice, tout eSt carré, bien construit, parfaitement organisé.

Ya pas photo !!! Marine est très largement au-dessus de tous ces candidats de pacotille.

Merci pour cet article Françoise.

Merci Françoise.

Article très intéressant.

J'adore.
Admettre que tout le monde n'est pas d'accord dans son camp, quelle humilité. Beaucoup devraient s'en inspirer.

Très bonne interview !

Merci Françoise

a voir aussi!!Vague bleu MARINE chez les Ch’tis : une vidéo que vous ne verrez jamais dans les médias « français »…
Publié par legaulois.info Rubriques : Actualité, Politique, Vidéos
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Elle balaie tout sur son passage, la vague bleue Marine. La fille de Jean-Marie Le Pen n’a jamais été aussi haute dans les sondages et fait trembler les candidats à la Présidentielle française du 22 avril prochain. Une équipe de Temps Présent l’a suivie dans le nord de la France, un bastion de la gauche, où, désormais, les classes ouvrières basculent par familles entières dans le camp du Front National.

Dans des régions traditionnellement à gauche comme le Nord Pas-de-Calais, le Front National de Marine Le Pen a fait un carton aux dernières élections cantonales. En Moselle, des membres de la CGT, le syndicat historiquement communiste, ont même rejoint les rangs du FN et se présentent sur leurs listes électorales aux élections locales. Temps Présent a tourné plusieurs semaines dans ces régions industrielles afin de comprendre pourquoi ces ouvriers profondément de gauche se tournent vers « l’extrême droite », pourquoi ils se laissent si facilement séduire par le discours populiste et la vague bleue, qui emporte tout sur son passage.

"Comment résister au discours du FN dans une région où les usines laissent la place aux mosquées, là où beaucoup ont connu plusieurs licenciements. À défaut des urnes le FN a déjà pénétré les esprits." – TSR.

"Les villes françaises ont changé, la population que vous rencontrez dans les transports en commun, dans les écoles, dans les grandes surfaces a changé. Il y a ce sentiment de ne plus être chez soi, comme avant, c’est ce qu’on appelle de manière un peu prétentieuse la fameuse crise d’identité." – Pascal Perrineau, politologue.

"Qu’y a-t-il de révolutionnaire, de courageux, à être aux Jeunesses Socialistes ou à l’UMP ? Quand on est au FN il y a un vrai courage politique, il y a un vrai esprit subversif, ça ne laisse personne indifférent." – Nicolas, 21 ans, militant FN.


Source (Merci à Marino)
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