Ni peste, ni choléra : pourquoi Marine peut être élue Présidente de la République

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Pourquoi Marine Le Pen peut être élue présidente de la République.
Soyons honnêtes, les Français ne découvrent pas à l'occasion de la crise le système capitaliste dans lequel ils vivent. L'individualisme et le matérialisme n'ont-ils pas été élevés pendant des années au rang de valeurs cardinales de la société ? L'écologie, à laquelle nous sommes si sensibles nous a depuis longtemps averties : on ne peut pas concevoir "une croissance économique infinie qui repose sur des ressources naturelles finies". Simplement, jusque là, nous en étions accommodés.

Et puis, il faut dire qu'il y avait une adictologie bien pratique : le crédit ! Tant que l'on pouvait s'endetter, tout allait. Oh certes, comme l'alcool, le tabac et toutes les drogues, il fallait juste en user avec modération. Un petit "shoot" à la consommation par-ci, un bon "rail" d'immobilier par là, et de temps en temps un bon "cocktail" de rachat de créances, concocté par un banquier bienveillant, qui vous étale la durée, le taux et les mensualités et roulez, Français, à vous les vacances, le dernier smartphone et sa maison dans la prairie!


En plus du crédit, les Français pensaient pouvoir compter sur les filets de sécurité légués par les générations précédentes, la sécurité sociale, l'assurance-chômage, la retraite, les allocations diverses et les minima sociaux, garantis par un Etat protecteur. C'est tout cela qui est aujourd'hui menacé.


Du coup, les consciences se sont éveillées à vitesse grand V, ce qui a, semble-t-il, échappé à nos élites. Elles n'ont pas compris que les Français ont compris que les "politiques" mettaient sur la table deux offres politiques qui leur laissent le choix entre la peste brune (Marine Le Pen), et le choléra, avec trois variantes de couleurs, une version rose ( François Hollande), une bleu ciel (Sarkozy) et une orange (François Bayrou). En gros, nous avons le choix entre la résignation face un système capitaliste qui promet de broyer la majeure partie de l'humanité et de saccager la planète, ou un refus nationaliste, dont la protection est une illusion, mais dont la réalité sera d'une grande brutalité, à commencer pour les "pas vraiment" (ou "pas assez") Français.


Dans le cadre de l'élection présidentielle, la première question posée est celle de savoir si l'option "nationaliste" portée par Marine Le Pen sera qualifiée pour le second tour. Au-delà des sondages, qui annoncent des chiffres tellement contradictoires qu'ils en deviennent dérisoires, il y a des indices qui laissent à penser que c'est une très forte probabilité. Une très bonne illustration en est le dossier consacré par le journal Le Monde "à la colère sourde des français invisibles" (daté du 7 decembre 2011). Des chercheurs de différentes disciplines, menant des travaux indépendamment les uns des autres, arrivent à la même conclusion : il y a eu une rupture dans la France des déclassés. Le sentiment de relégation sociale et de perte d'identité s'est diffusé dans la société jusqu'aux classes moyennes. La conséquence politique tient en un chiffre : 40% de l'électorat ne se sent plus représenté, ni par la gauche, ni par la droite, soit la bagatelle de 16 millions d'électeurs sur 37 millions!


A cela s'ajoute le "baromètre de la rue", ces conversations de comptoir et de concierges, dont le bruit de fond ne cesse d'augmenter autour d'une phrase de plus en plus entendue, de plus en plus répétée : "il faut tout faire péter!". La grenade s'appelle Marine Le Pen. Pour beaucoup, des mois avant l'échéance électorale, elle est déjà dégoupillée. Y compris chez les Arabes. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il y a toujours eu des vieux d'origine maghrébine pour voter Le Pen père; par réaction à la dégradation de leur cadre de vie, par aspiration sécuritaire, ou par rejet de l'immigration subsaharienne, bouc émissaire des deux attendus précédents. Ce qui est nouveau, c'est l'intention similaire affichée cette fois-ci par des jeunes dans la tranche 25/35 ans, généralement diplômés, bac + 5 compris… En guise d'explication, la phrase leitmotiv est servie: "il faut tout faire péter!".


Si Marine Le Pen est qualifiée au second tour, des deux façons de se faire hara-kiri, la capitaliste-libérale et la nationaliste-illusoire, qui peut prédire laquelle l'emportera à l'occasion du second tour de l'élection présidentielle ? Certains s'aventurent pourtant à déclarer de façon péremptoire qu'il est impossible que Marine Le Pen soit élue Présidente de la République Française. C'était probablement (encore) vrai il y a quelques mois. Ce n'est plus le cas, la crise est passée par là et a changé la nature de l'élection présidentielle (cf "Au bal de la Crise, la Présidentielle va valser!")


Prenons les deux cas de figure les plus probables, un second tour Sarkozy/Le Pen ou Hollande/Le Pen. Dans les deux cas, ont peut s'attendre à l'implosion du parti du candidat éliminé. Le P.S et l'UMP sont traversés par la même ligne de fracture, le nationalisme et son pendant, le libéralisme. Il n'y aura pas "d'automatisme républicain", puisque pour une bonne partie de l'électorat, Marine Le Pen est "républicaine" et le revendique! La recomposition du camp sorti du jeu démarrera dès le soir du premier tour, à partir d'une question simple : pour qui voter au second tour ? Ou, ce qui revient au même, mais en plus hypocrite, en faveur de qui s'abstenir ?


Dans l'hypothèse d'un second tour Sarkozy/Le Pen, personne n'envisage un résultat aussi large que Chirac/Le Pen en 2002 (82,2% contre 17,8%). L'émotion ne serait pas la même, ni l'effet de surprise. Peut-on écarter pour autant l'hypothèse que le score soit tellement serré que Marine Le Pen ait une chance d’être élue ?


En jouant à fond la carte "républicaine", alors que son père appelle la République "la gueuse", Marine Le Pen rassemble plus large. A Droite d'abord, au point que l'on se demande si Claude Guéant censé lui courir derrière ne court pas en réalité devant elle… Elle lui a laissé le créneau de la "France blanche", sur lequel il joue dangereusement. Il donne à des idées pas très catholiques le label républicain.


Pour une bonne partie de la droite conservatrice et républicaine, Marine Le Pen est tout ce qu'il y a de plus fréquentable, au point d'être invitée par certaines loges maçonniques, ce qui était absolument inimaginable il y a encore peu. Non seulement Marine Le Pen bénéficierait du report d'une partie des voix de candidats de Droite tels que Dupont-d'Aignan ou Christine Boutin, mais elle récupérerait aussi des voix qui se seront portées sur Sarkozy au premier tour. Pourquoi des électeurs de Droite plus souverainistes que néo-libéraux, qui feraient un vote utile Sarkozy au premier tour pour barrer la route à François Hollande, se priveraient-ils, au second tour, d'un vote de conviction pour "la" Le Pen ?


A gauche, les reports de voix, sont également beaucoup plus favorables à Marine Le Pen que ce qu'ils furent pour son père. Elle a su jeter des ponts avec une partie de la gauche souverainiste et laïcarde par le biais du protectionnisme économique et de l'islamophobie. A utiliser les mêmes mots, à voter "non" ensemble au référendum sur le traité constitutionnel européens, à fréquenter les mêmes manifs avec saucisson et pinard brandis en guise d'étendard, on finit par se sentir des affinités…


Non seulement Marine Le Pen bénéficiera d'un substantielle report de voix de gauche, mais également d'une massive abstention d'électeurs de gauche qui ont voté Chirac en 2002 et ne le referont pas pour Sarkozy en 2012. Or leur apport est d'autant plus stratégique pour le président sortant que celui-ci a peu de réserve électorale.


La force de Nicolas Sarkozy, c'est sa capacité à consolider dès le premier tour un gros quart de l'électorat. Grace à la réforme des retraites, qu'il a mené à son terme contre vents et marées et avec ce seul objectif de premier tour, mais aussi avec son agitation sur la scène internationale, la crise et l’expédition en Libye, on peut considérer que ce socle électoral est d'ores et déjà acquis.


Sa faiblesse, c'est son incapacité à aller au-delà. Il cristallise sur sa personne un rejet qui n'a pas d'équivalent avec son prédécesseur. Chirac était un roi-fainéant qui irritait, tandis que Sarkozy a l'image d'un parvenu frimeur qui horripile. Mis bout à bout, ces éléments amènent à une conclusion simple : un second tour Sarkozy/Le Pen a toutes les chances de se terminer dans un mouchoir et bien malin qui peut prédire qui en sortira vainqueur !


A partir du raisonnement tenu dans l'hypothèse d'un second tour Sarkozy/Le Pen, on peut déduire que François Hollande battrait probablement Marine Le Pen, avec un minimum mimorum de 60% des voix. Le seul "hic" est que la vraie difficulté pour François Hollande n'est pas de remporter le second tour, mais d'y être…


L'histoire récente des élections présidentielles montre qu'elles sont rarement écrites à l'avance. Les grands favoris en sont généralement les grands perdants.


D'autres hypothèses pourraient être envisagées, comme un second tour Bayrou/Le Pen (mais un autre chroniqueur en a déjà fait ses choux gras).


Cette hypothèse repose sur l'explosion en vol de François Hollande. Pour lui, le mois de janvier sera crucial. C'est le moment où il annoncera (enfin) son programme et donc son profil stratégique. C'est aussi le moment où la crise de la dette publique des Etats européens membres de l'Euro, plus de 1000 milliards d’euros en 2012, risque de repartir de plus belle. A cette échéance, un bon nombre d'entre eux, dont l'Allemagne, devront se refinancer en empruntant sur les marchés. Y parviendront-ils ? Et à quel taux ? Pour mémoire, l'Allemagne a de plus en plus de mal à placer l'ensemble de ses obligations...


Ce sera l'heure de vérité pour l'Union européenne.... mais aussi pour le candidat socialiste. Il devra (enfin) se dévoiler sur ce qu'il évite avec soin jusqu'à présent, son projet pour l'Europe, sans lequel il ne sera pas crédible en matière économique.


La pierre angulaire de l'élection reste la capacité de François Hollande à se qualifier au second tour. Pour l'instant, la seule chose dans laquelle il pédale, ce n'est pas tant dans la tempête, que dans la choucroute. Il n'a pas encore vraiment pris la mesure du changement du centre de gravité de l'élection, du rejet de Sarkozy à la réponse à la crise, et, au-delà, au système capitaliste néo-libéral.


Les prémices d'une troisième voie, qui soit une alternative au choix entre la peste et le choléra, existent. Ils sont contenus dans les programmes d'Europe Ecologie-Les Verts et de Jean-Luc Mélenchon. Leurs différences sont plus d'ordre culturel, en particulier sur le jacobinisme, que programmatique. Pour les inscrire comme réponses à la crise, il manque à ses fondements une feuille de route et un leader.

François Hollande peut être celui-là. Pour cela, il lui faut se transcender et surtout muter, d'un candidat qui s'occupe des conséquences de la crise à un candidats qui va à la racine du mal et répond aux causes de la crise, à la nécessité de changer le système. S'il est éliminé dés le premier tour, et si Marine Le Pen est élue Présidente de la République, rappelons-nous, et ce n'est pas une consolation, que ce qui fait la réalité du pouvoir en France, ce n'est pas le Président de la République, mais l'Assemblée Nationale. Ceux qui gouverneront la France sont ceux qui gagneront les élections législatives. Et celle-la sera nécessairement une autre histoire.

Un article du post !
http://www.lepost.fr/article/2012/01/08/2675470_pourquoi-marine-le-pen-peut-elle-etre-elue-presidente-de-la-republique.html

Il ont le visage qui rayonne de franchise. Je suis sûr que si cette photo est affichée dans les bureaux de vote, les électrices et les électeurs n'auront plus aucune hésitation.

Bonne idée, tiens! aller au bureu de vote et accueillir nos concitoyens avec cette pancarte et une autre " votez Marine ".

Et porter un T-shirt avec " Votez Marine " écrit sur le dos. Les medias jouent sur le fait que ce sont les dernières images que les gens retiennent, autant jouer sur le conditionnement des gens qui hésitent.

Ca fait une excellente affiche de campagne pour le FN.

Il faut quand même noter qu'Hollande réussit à faire une campagne encore plus pitoyable que celle de Jospin en 2002, et de Royal en 2007. Qu'on aime ou pas, ces deux avaient au moins une personnalité, faisaient des propositions, quelque chose en ressortait quand même. Alors que rien ne ressort de Hollande. Ce type n'a aucune idée, ne fait aucune proposition, il n'a aucun charisme, aucune personalité, il ne se repose intégralement que sur ses conseillers pour faire quelques annonces dérisoires sur des mesurettes qu'il prendrait. Il va vraiment arriver à flinguer, encore une fois, la victoire du PS. Et c'est tant mieux.

enfin on y est! y a des journalistes qui commencent à comprendre et surtout à écrire, ce que nous, nous pensons depuis longtemps: que MARINE a toutes les chances de remporter cette élection

Eyoka a écrit:Bonne idée, tiens! aller au bureu de vote et accueillir nos concitoyens avec cette pancarte et une autre " votez Marine ".

Et porter un T-shirt avec " Votez Marine " écrit sur le dos. Les medias jouent sur le fait que ce sont les dernières images que les gens retiennent, autant jouer sur le conditionnement des gens qui hésitent.

La loi électorale française l'interdit formellement sous peine d'amendes pécuniaires fortes et peut être de poursuites pénales (j'en suis moins sûr).