Pour Manuel Valls, le problème dans ce pays, c’est le lycée Henri-IV

Pour Manuel Valls, le problème dans ce pays, c’est le lycée Henri-IV
Manu, là, tu commences à m’énerver à dire des choses aussi stupides.
Maxime de La Devèze
http://www.bvoltaire.fr/maximedeladeveze/pour-manuel-valls-le-probleme-dans-ce-pays-cest-le-lycee-henri-iv,158124
Éditorialiste
Manuel Valls a le sens de la statistique définitive. À Marseille, on aurait pu imaginer qu’il nous dirait : « Il n’est pas normal que 80 % des kalachnikov saisies à Marseille proviennent de la Castellane, et 0 % d’autres villes ou quartiers. ». Ou encore : « Il n’est pas normal que tant de jeunes de la Castellane et des alentours peuplent les prisons. Quand les mêmes cités envoient toujours les mêmes jeunes issus des mêmes familles, alors il y a un problème dans ce pays. »

Mais non, à Marseille, mardi, en conclusion de sa tournée (entre deux rafales), il a affirmé : « Il n’est pas normal que 80 % des élèves du lycée Henri-IV à Paris aillent en prépa, et 0 % dans d’autres lycées d’autres villes ou de quartiers populaires. Quand les mêmes lycées envoient toujours les mêmes élèves issus des mêmes familles, alors il y a un problème dans ce pays. »

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Oui, vous avez bien lu, dans « ce pays » (la France, éternel sujet d’observation), le « problème » est lié à ces excellents élèves (toujours les mêmes) issus de ces familles (toujours les mêmes). Je me suis battu pour envoyer ma fille au lycée et en prépa à Henri-IV. Elle m’en est reconnaissante tous les jours. Manu, là, tu commences à m’énerver à dire des choses aussi stupides. Le lycée Henri-IV, c’est certain, est le problème du pays, le lycée Henri-IV est une zone de non-droit avec ses trafics de livres anciens, ses points de vente sauvage de Guronsan, ses bandes armées de stylos-plume qui squattent les bibliothèques, ses tournantes de calculettes et ses incivilités en grec ancien.

Dire cela, c’est aussi idiot que de dire : « Il n’est pas normal que 80 % des joueurs de foot de la Ligue des champions participent à la Coupe du monde, et 0 % au tournoi de foot du village. Quand les mêmes clubs envoient toujours les mêmes joueurs issus des mêmes centres formateurs, alors il y a un problème dans ce pays. »

Manu, c’est un peu le délégué de classe qui a calculé que, pour être élu, il faut être copain des cancres qui font la pluie et le beau temps dans le lycée. Une sorte d’alliance objective entre le racketteur et la graine de politicien, au détriment du premier de la classe, pour impressionner les autres élèves. Le bon élève fait des jaloux. En lui tapant dessus, on se fait une majorité facile. Hop, un petit point de plus sur le sondage vite, « ouistiti-sex » pour le selfie. C’est ça, la politique. C’est ce nouveau socialisme bobo, complaisant et pervers, qui a lâché son électorat travailleur et populaire pour embrasser celui des voyous. À l’heure où l’on feint de découvrir le harcèlement à l’école, les candidats au prestigieux lycée vont avoir la vie dure à la récré ! Je préconise aux familles de s’organiser en confrérie de l’ombre, de dissimuler leur appartenance, de postuler sous pseudonyme et dans le plus grand secret pour s’éviter les foudres du Premier ministre. Si vous vous faites choper, votre tête blonde, hop, mutée au lycée technique de la Castellane pour faire un BTS électricien. Après la petite phrase sur l’apartheid français, voici qu’est désignée une première cible, un coupable : le lycée Henri-IV. Les prochains sont déjà sur la liste : l’Académie française et le Panthéon.

Maxime de La Devèze