- chantalful
- Date d'inscription : 13/11/2011
France, si je t’oublie, que ma main se dessèche…
Mer 12 Déc 2012 - 13:49
Il se dit que le défilé du 13 janvier contre le mariage gay sera massif. Des centaines et des centaines de milliers de manifestants. Vraiment des centaines et des centaines de milliers d’homophobes ? Il est certain qu’un référendum sur le droit de vote pour les étrangers verrait un triomphe écrasant du « non ». Des millions et des millions de suffrages. Vraiment des millions et des millions de racistes ?
Quand le sol se dérobe sous vos pieds, quand on vous enlève le sol où vous avez grandi, on se raccroche aux dernières branches restantes d’un arbre auquel on a enlevé toutes les autres. Quitte à être réactionnaire, rétrograde, excessif souvent, et peut-être parfois injuste. Une réaction qui va au plus profond, bien au-delà du rejet des gadgets du mariage pour tous et du vote pour tous.
Depuis de trop longues années, on a mis sur la France un cache-France. On ne dit plus Roubaix, mais les « quartiers difficiles de Roubaix ». On ne dit plus Marseille, mais les « quartiers nord de Marseille », on ne plus l’île-de-France, mais le « 9-3 ». Les noms d’Orléans, de Beaugency, de Notre-Dame de Cléry, de Vendôme (une célèbre comptine) ont été engloutis par ceux de Bobigny, Clichy la Garenne, le Val Fourré, Stains. On a fait croire à certains, les moins nombreux, et très certainement pauvres et malheureux, qu’ils étaient tout. On a essayé de faire croire à d’autres, de loin les plus nombreux, qu’ils n’étaient rien. La réalité finit toujours par se venger.
La France existe. La France, c’est une barricade : celle où tombe Gavroche. La France, c’est Léopold Sédar Senghor, Sénégalais, grand poète français et élu à l’Académie française. La France, c’est l’écrivain Georges Bernanos, homme de droite, fervent catholique et antisémite qui, dans Les Grands Cimetières sous la lune, décrivit, accablé, les horreurs dont étaient capables les siens, c’est-à-dire les franquistes. La France, c’est aussi, j’ose, Jeanne d’Arc, Du Guesclin, Clovis, Louis XIV, Rabelais, Boileau, Montesquieu, Voltaire, Joseph de Maistre, Émile Zola, Léon Bloy, Alfred Jarry, Jules Vallès, Péguy, Alain-Fournier, Aragon, Gide, Sartre, Camus.
La France, c’est Camille Desmoulins, guillotiné par Robespierre. La France, c’est Robespierre, guillotiné par les Thermidoriens. La France, c’est Hoche et Charette. La France, c’est Vidal-Naquet qui s’insurge contre la torture en Algérie. La France, c’est Dien Bien Phu avec ses héros, soldats courageux d’une cause coloniale inutile et condamnée à la défaite. La France, c’est Georges Charpak, Juif polonais et prix Nobel français de physique. La France, c’est Bastien Thiry, fusillé par de Gaulle, et de Gaulle condamné à mort par Vichy. La France, c’est un Algérien, Mouloud Ferraoun, écrivain français assassiné par l’OAS en 1962.
La France, ce sont les femmes, anonymes, éventrées par le FLN à Orléansville. La France, c’est celle que chantaient un Kabyle du nom de Mouloudji et un Juif russe nommé Jean Ferrat. La France, ce sont les moines de Tibhirine, décapités par des islamistes. La France, c’est un grand poète français, le Guadeloupéen Aimé Césaire. La France, c’est un Arabe algérien et chrétien, Jean Amrouche, poète et ami de Camus. La France, c’est « Le Chant des canuts », qu’on m’a appris à aimer, et « Prends ton fusil, Grégoire », chanson royaliste, qu’on m’a appris à ne pas aimer.
Beaucoup de ceux qui défileront le 13 janvier et qui ont fait que le droit de vote pour les étrangers sera évidemment abandonné, ignorent sans doute certains des noms cités plus haut. Mais, confusément, instinctivement, ils les ont plébiscités en allant par millions voir des films comme Le Petit Nicolas, Les Choristes, ou Des Hommes et des Dieux. La France dans sa diversité. Ouverte à tous. Notre France. Cela faisait trop longtemps qu’une gauche folle, shootée à la préférence immigrée, leur projetait sans cesse la même pellicule noire titrée « Racaille Story ».
Benoît Rayski, le 12 décembre 2012
http://www.bvoltaire.fr/benoitrayski/france-si-je-toublie-que-ma-main-se-desseche,5739
Quand le sol se dérobe sous vos pieds, quand on vous enlève le sol où vous avez grandi, on se raccroche aux dernières branches restantes d’un arbre auquel on a enlevé toutes les autres. Quitte à être réactionnaire, rétrograde, excessif souvent, et peut-être parfois injuste. Une réaction qui va au plus profond, bien au-delà du rejet des gadgets du mariage pour tous et du vote pour tous.
Depuis de trop longues années, on a mis sur la France un cache-France. On ne dit plus Roubaix, mais les « quartiers difficiles de Roubaix ». On ne dit plus Marseille, mais les « quartiers nord de Marseille », on ne plus l’île-de-France, mais le « 9-3 ». Les noms d’Orléans, de Beaugency, de Notre-Dame de Cléry, de Vendôme (une célèbre comptine) ont été engloutis par ceux de Bobigny, Clichy la Garenne, le Val Fourré, Stains. On a fait croire à certains, les moins nombreux, et très certainement pauvres et malheureux, qu’ils étaient tout. On a essayé de faire croire à d’autres, de loin les plus nombreux, qu’ils n’étaient rien. La réalité finit toujours par se venger.
La France existe. La France, c’est une barricade : celle où tombe Gavroche. La France, c’est Léopold Sédar Senghor, Sénégalais, grand poète français et élu à l’Académie française. La France, c’est l’écrivain Georges Bernanos, homme de droite, fervent catholique et antisémite qui, dans Les Grands Cimetières sous la lune, décrivit, accablé, les horreurs dont étaient capables les siens, c’est-à-dire les franquistes. La France, c’est aussi, j’ose, Jeanne d’Arc, Du Guesclin, Clovis, Louis XIV, Rabelais, Boileau, Montesquieu, Voltaire, Joseph de Maistre, Émile Zola, Léon Bloy, Alfred Jarry, Jules Vallès, Péguy, Alain-Fournier, Aragon, Gide, Sartre, Camus.
La France, c’est Camille Desmoulins, guillotiné par Robespierre. La France, c’est Robespierre, guillotiné par les Thermidoriens. La France, c’est Hoche et Charette. La France, c’est Vidal-Naquet qui s’insurge contre la torture en Algérie. La France, c’est Dien Bien Phu avec ses héros, soldats courageux d’une cause coloniale inutile et condamnée à la défaite. La France, c’est Georges Charpak, Juif polonais et prix Nobel français de physique. La France, c’est Bastien Thiry, fusillé par de Gaulle, et de Gaulle condamné à mort par Vichy. La France, c’est un Algérien, Mouloud Ferraoun, écrivain français assassiné par l’OAS en 1962.
La France, ce sont les femmes, anonymes, éventrées par le FLN à Orléansville. La France, c’est celle que chantaient un Kabyle du nom de Mouloudji et un Juif russe nommé Jean Ferrat. La France, ce sont les moines de Tibhirine, décapités par des islamistes. La France, c’est un grand poète français, le Guadeloupéen Aimé Césaire. La France, c’est un Arabe algérien et chrétien, Jean Amrouche, poète et ami de Camus. La France, c’est « Le Chant des canuts », qu’on m’a appris à aimer, et « Prends ton fusil, Grégoire », chanson royaliste, qu’on m’a appris à ne pas aimer.
Beaucoup de ceux qui défileront le 13 janvier et qui ont fait que le droit de vote pour les étrangers sera évidemment abandonné, ignorent sans doute certains des noms cités plus haut. Mais, confusément, instinctivement, ils les ont plébiscités en allant par millions voir des films comme Le Petit Nicolas, Les Choristes, ou Des Hommes et des Dieux. La France dans sa diversité. Ouverte à tous. Notre France. Cela faisait trop longtemps qu’une gauche folle, shootée à la préférence immigrée, leur projetait sans cesse la même pellicule noire titrée « Racaille Story ».
Benoît Rayski, le 12 décembre 2012
http://www.bvoltaire.fr/benoitrayski/france-si-je-toublie-que-ma-main-se-desseche,5739
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