- francoise
- Localisation : sur la banquise là où la connerie humaine fait fondre les glaces
Date d'inscription : 18/09/2011
Passion : peintre et blogueuse en art pictural figuratif
Humeur : zen
Culture Poésie : Les Orientales en 1828 par Victor Hugo.
Jeu 12 Avr 2012 - 14:48
Le Voile
Victor Hugo, Les Orientales
1er septembre 1828
La sœur :
Qu’avez-vous, qu’avez-vous, mes frères ?
Vous baissez des fronts soucieux.
Comme des lampes funéraires,
Vos regards brillent dans vos yeux.
Vos ceintures sont déchirées.
Déjà trois fois, hors de l’étui,
Sous vos doigts, à demi tirées,
Les lames des poignards ont lui.
Le frère aîné :
N’avez-vous pas levé votre voile aujourd’hui ?
La sœur :
Je revenais du bain, mes frères,
Seigneurs, du bain je revenais,
Cachée aux regards téméraires
Des giaours et des albanais.
En passant près de la mosquée
Dans mon palanquin recouvert,
L’air de midi m’a suffoquée :
Mon voile un instant s’est ouvert.
Le second frère :
Un homme alors passait ? Un homme en caftan vert ?
La sœur :
Oui… peut-être… mais son audace
N’a point vu mes traits dévoilés…
Mais vous vous parlez à voix basse,
À voix basse vous vous parlez.
Vous faut-il du sang ? Sur votre âme,
Mes frères, il n’a pu me voir.
Grâce ! Tuerez-vous une femme,
Faible et nue en votre pouvoir ?
Le troisième frère :
Le soleil était rouge à son coucher ce soir.
La sœur :
Grâce ! Qu’ai-je fait ? Grâce ! Grâce !
Dieu ! Quatre poignards dans mon flanc !
Ah ! par vos genoux que j’embrasse…
Ô mon voile ! Ô mon voile blanc !
Ne fuyez pas mes mains qui saignent,
Mes frères, soutenez mes pas !
Car sur mes regards qui s’éteignent
S’étend un voile de trépas.
le quatrième frère :
C’en est un que du moins tu ne lèveras pas !
Victor Hugo, Les Orientales
1er septembre 1828
La sœur :
Qu’avez-vous, qu’avez-vous, mes frères ?
Vous baissez des fronts soucieux.
Comme des lampes funéraires,
Vos regards brillent dans vos yeux.
Vos ceintures sont déchirées.
Déjà trois fois, hors de l’étui,
Sous vos doigts, à demi tirées,
Les lames des poignards ont lui.
Le frère aîné :
N’avez-vous pas levé votre voile aujourd’hui ?
La sœur :
Je revenais du bain, mes frères,
Seigneurs, du bain je revenais,
Cachée aux regards téméraires
Des giaours et des albanais.
En passant près de la mosquée
Dans mon palanquin recouvert,
L’air de midi m’a suffoquée :
Mon voile un instant s’est ouvert.
Le second frère :
Un homme alors passait ? Un homme en caftan vert ?
La sœur :
Oui… peut-être… mais son audace
N’a point vu mes traits dévoilés…
Mais vous vous parlez à voix basse,
À voix basse vous vous parlez.
Vous faut-il du sang ? Sur votre âme,
Mes frères, il n’a pu me voir.
Grâce ! Tuerez-vous une femme,
Faible et nue en votre pouvoir ?
Le troisième frère :
Le soleil était rouge à son coucher ce soir.
La sœur :
Grâce ! Qu’ai-je fait ? Grâce ! Grâce !
Dieu ! Quatre poignards dans mon flanc !
Ah ! par vos genoux que j’embrasse…
Ô mon voile ! Ô mon voile blanc !
Ne fuyez pas mes mains qui saignent,
Mes frères, soutenez mes pas !
Car sur mes regards qui s’éteignent
S’étend un voile de trépas.
le quatrième frère :
C’en est un que du moins tu ne lèveras pas !
Déjà en ces temps-là, Victor Hugo voyait les grandes contradictions et dangers du futur voile islamique (un visionnaire) !
- Chevalier du Temple
- Localisation : New York USA
Date d'inscription : 20/08/2013
Passion : Histoire & littérature
Humeur : Patriotique
Re: Culture Poésie : Les Orientales en 1828 par Victor Hugo.
Mar 4 Mar 2014 - 7:14
Des poèmes illuminés d'images éclatantes, en provenance d'un écrivain fabuleux maître de sa pensée et de son métier. La couleur fera désormais partie des traits caractéristiques du Romantisme.
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