L'opposition : Être "socialiste" aujourd'hui.

La présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Laurianne Deniaud, a vivement attaqué aujourd'hui Marine Le Pen, rangeant la présidente du Front national dans la catégorie des "détails" de l'histoire de l'extrême-droite.

Dans un discours devant plusieurs centaines de militants et le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, à Paris, la jeune dirigeante a dénoncé le discours désormais mâtiné de social et de laïcité tenu par Marine Le Pen, qui a pris la succession de son père en janvier.

"Madame, pour le moment, vous n'avez fait qu'une chose de votre vie: relooker (la) lâcheté et [les] mensonges" du Front national, a dit Laurianne Deniaud, une semaine après le deuxième tour d'élections cantonales qui ont confirmé l'installation du parti d'extrême-droite dans le paysage politique français.

"Incapable d'affronter les problèmes du monde"

La jeune socialiste a attaqué la présidente du Front national en faisant une allusion à une déclaration de son fondateur, Jean-Marie Le Pen, pour qui les chambres à gaz utilisées par le régime nazi pendant la Seconde guerre mondiale auraient été un "détail" de l'Histoire. "Finalement, dans l'histoire de la vielle extrême-droite française, vous n'êtes sûrement qu'un détail" a-t-elle déclaré sous les applaudissements de la salle.

"Où étiez-vous quand les salariés défendaient dans la rue leurs retraites ? [...] Vous débauchez des syndicalistes pour repositionner votre marque de la grande bourgeoisie réac' sur le terrain social", a accusé Laurianne Deniaud. "Vous n'avez plus que le mot laïcité à la bouche pour attaquer, par l'islam, tous ceux qui viennent d'horizons trop exotiques pour vous", a-t-elle poursuivi. "Marine Le Pen, vous êtes finalement comme l'a toujours été votre famille politique: lâche et menteuse, incapable d'affronter les problèmes du monde", a estimé la présidente du MJS.

Sur ces allégations qui disent son mari Jean-Louis Brochen «avocat des islamistes», ou la campent elle-même en alcoolique repentie souffrant d'une tumeur au cerveau, Martine Aubry a décidé de rendre coup pour coup. Et de le faire savoir.

Depuis vendredi, la première secrétaire du PS, en déplacement à Turin (Italie), accepte d'aborder son domaine réservé - «sa part non négociable» : la vie privée - pour prévenir ses adversaires : elle ne laissera plus quiconque salir sa réputation, et, en creux, minimiser ses chances à la primaire socialiste.

Sur Internet, la réplique a commencé de longue date. Son équipe cherche notamment à démasquer le «corbeau» qui persifle contre elle - et DSK - sur Twitter via le compte «Drôledegauche»]. L'ancienne première secrétaire du PS a également, ces derniers jours, décroché son téléphone pour contacter quelques personnalités de droite qui l'égratignent.

Un savon pour l'ancien préfet

Selon «le Journal du Dimanche», Aubry aurait ainsi passé un savon à Christian Frémont, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, qui fut préfet dans sa région. Elle aurait également contacté Jacques Toubon, ancien baron du RPR et ministre de la Culture puis de la Justice sous Balladur et Juppé. «La prochaine fois, appelez-moi avant de raconter des conneries dans un dîner», lui aurait-elle lancé.

Lundi matin, Ségolène Royal, candidate elle aussi à la primaire PS pour la présidentielle, a dénoncé des «attaques insupportables» contre Martine Aubry, exprimant sa «solidarité» à la maire de Lille : «Je trouve cela scandaleux», a déclaré, sur BFM-TV et RMC, Mme Royal pour qui «la vie politique ne doit pas se situer à ce niveau». La présidente de la région Poitou-Charentes a estimé que sa rivale pour l'investiture socialiste pour 2012 «a eu raison de réagir. Martine Aubry est une femme politique respectable et j'entends qu'elle soit respectée».

Dimanche soir, François Hollande, lui ausi rival dans les primaires socialistes, avait été le premier à se montrer solidaire. «Ca suffit ! ça suffit comme ça des rumeurs et des manoeuvres», a-t-il dit sur le plateau du journal de 20 heures de France2. «Je ne veux pas que ce soit dans un marécage que l'élection se déroule», a ajouté le député de Corrèze.

Morano : «Elle se pose en victime pour faire parler d'elle»

En contre-attaquant si publiquement, Aubry démontre aussi qu'elle est une dame de fer, et qu'elle ne transigera pas. Du coup, la droite réagit vivement contre cette tentative «de victimisation» de la maire de Lille. Nadine Morano (UMP) tâcle, dans le JDD : «Elle se pose en victime pour faire parler d'elle. La vérité, c'est que le PS est englué dans sa guerre des primaires», tance la ministre à l'Apprentissage et à la formation professionnelle.

En déplacement à Maussane, dans les Alpilles, Jean-François Copé s'est montré aussi intraitable : « C'est encore une entourloupe des socialistes pour gagner du temps. L'UMP a bon dos pour tout, ce sont des méthodes absurdes et ridicules, a dénoncé le patron de l'UMP. Vivement que les socialistes s'occupent du fond».

«Si Mme Aubry s'estime attaquée par des rumeurs sur internet, qu'elle porte plainte. Voilà ce qui permet de mettre un terme à toutes les attaques possibles», a de son côté insisté le ministre du Travail Xavier Bertrand (UMP), invité de Radio J, qui conseille à son adversaire politique de «rester sur le terrain juridique».

Longuet ironise sur une «attitude défensive»
«C'est très curieux, cette attitude défensive. Martine Aubry surréagit, mesurant qu'une campagne présidentielle est une formidable épreuve de transparence, d'investigation, déclare le ministre de la Défense Gérard Longuet sur BFM TV. Elle met sur le tapis des sujets qui, à ma connaissance, ne sont pas à l'ordre du jour du grand public, en tous cas pas du public qu'elle cherche à convaincre, les militants socialistes et les sympathisants PS. C'est une attitude curieuse, comme si elle voulait par cette initiative conjurer un sort funeste. Je suis très étonné que Martine Aubry attaque par une défense.»

Comme on lui demandait sur Europe 1 si «les boules puantes» sur la santé de Martine Aubry venaient «du camp d'en face», Dominique de Villepin, qui rêve toujours de se présenter à la présidentielle, a voulu calmer la polémique : «D'où qu'elles viennent, elles sont scandaleuses et elles n'ont rien à voir avec la politique». L'ex-Premier ministre, à la tête du mouvement République solidaire, a ensuite déploré que «l'affaire de New York», une «épreuve humaine» pour DSK, «pèse trop lourd sur la vie politique française».
LeParisien.fr

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