Le Rassemblement national est en marche

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Si le Rassemblement national a été lancé dimanche, il est en marche depuis un moment déjà… Le rassemblement, ce sont d’abord ces quelque onze millions de Français qui se sont reconnus en Marine Le Pen. Rassemblés, certes derrière un nom, une personne, mais d’abord la défense de la nation contre ceux qui l’envahissent comme ceux qui, à Bruxelles, veulent la mettre sous tutelle. Ce sont là des réflexes instinctifs quand ce que l’on est, ce que l’on croit, ce dont on vit, est menacé.

C’est une constante de notre histoire, le peuple, face aux menaces de l’intérieur comme de l’extérieur, réagit plus vite et plus fort que les politiciens, engoncés dans leur confort et leurs convictions qui s’inquiètent seulement lorsqu’ils voient les électeurs les déserter. Mais au niveau des partis aussi, le rassemblement est en marche. Modestement, certes, à petits pas, les injustes barrières édifiées au fil des ans autour du Front national, commencent à tomber, elles ne seront pas reconstruites autour du Rassemblement.

Le langage a déjà changé, hormis quelques plumitifs sectaires ou des vétérans exténués de Mai 68, nul ne songe plus vraiment à faire croire qu’avec le succès de Marine Le Pen, le fascisme sera à nos portes ou que les crématoires vont se rouvrir. De moins en moins aussi, on lui accole les mots « extrême droite », on préfère « populiste » ce qui, dans la bouche de ceux qui l’utilisent, n’est pas un compliment ; du moins ce terme, comme celui de « souverainiste » –  plus juste – a l’avantage de rapprocher les nationaux d’autres formations, en France et en Europe, qui reçoivent le même qualificatif.

On comprend donc que le premier qui ait fait alliance avec la candidate nationale à la présidentielle fut Nicolas Dupont-Aignan, avec sa formation Debout la France, son combat pour la souveraineté du pays rejoignant celui de Marine Le Pen. Ce pionnier a eu le grand mérite de briser un interdit, ouvrant ainsi la voie à d’autres. A Thierry Mariani qui a constaté qu’il n’y a plus de raison de maintenir cet ostracisme. Il dit tout haut ce que nombre de Républicains pensent encore tout bas. Plus pour longtemps, car les bouches s’ouvrent, telle celle de Nadine Morano qui, à propos du communautarisme, de l’immigration, de la sécurité a reconnu sur les ondes de RMC : « Sur le constat, je pense que nous dressons le même que le Front national » Elle admet avoir des discussions avec des élus FN et si l’alliance avec eux ne se fait pas pour l’instant, ce n’est point pour des raisons politiques de fond mais « pour des motifs d’ADN historiques », autrement dit, une tradition gaullo-chiraquienne.

En dehors de Thierry Mariani, plusieurs figures membres ou associées aux Républicains reconnaissent la nécessité d’une « union des droites » allant d’éléments de LR au FN en passant par Debout la France pour sortir le chef d’Etat sortant en 2022. Le président du Parti chrétien-démocrate, mouvement associé à LR, Jean-Frédéric Poisson, a résumé la situation à l’heure actuelle : « La question n’est pas de savoir si ce rassemblement se fera, il se fera. La question, c’est comment ? »

Guy Rouvrais

SOURCE / Présent