Délégation FN aux Antilles

Là bas aussi ça bouge.

Marine Le Pen bientôt en visite aux Antilles selon le FN

Cette semaine une délégation du Front National se trouvait à Saint-Martin afin de préparer le premier déplacement officiel de Marine Le Pen aux Antilles, annoncé entre juin et l’automne.

L’information avait été révélée par RTL fin avril et confirmée par l’intéressée elle-même le 1er mai: Marine Le Pen prépare un déplacement dans les Antilles françaises du 22 au 27 juin. « Si le calendrier de Marine Le Pen doit être décalé, ce sera au plus tard d’ici l’automne » précise le secrétaire national et conseiller politique de Marine Le Pen pour l’Outre-mer, Jean-Michel Dubois, qui se trouvait à Saint-Martin cette semaine.
Ce même conseiller annonçait d’ailleurs mardi en conférence de presse que sa présence sur nos terres consistait à « préparer le voyage de Marine Le Pen en rencontrant les adhérents, les militants et les électeurs ».
Depuis qu’elle dirige le Front National, Marine le Pen n’est pas encore venue dans les Antilles. Elle a sans doute gardé en mémoire les mésaventures de son père qui n’a jamais pu faire campagne sur ces îles : en 1987 son avion n’avait pu atterrir à Fort-de-France car des manifestants avaient occupé le tarmac et en 1997, l’ex-président du FN avait été violemment chahuté lors d’une escale, toujours en Martinique. Mais bien que les Antilles françaises soient un terrain délicat pour le Front National, le parti mise manifestement sur ce potentiel électoral en vue des présidentielles de 2017. A Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Marine Le Pen avait récolté quelque 12 % des voix au premier tour des présidentielles de 2012. En Guadeloupe et en Martinique, le FN n’avait percé que très marginalement avec 5 % des suffrages.

ÎLES DU NORD : LE FN SE STRUCTURE

Après les déboires de Jean-Marie Le Pen, le Front National y va donc désormais par étapes pour tenter de conquérir un électorat ultramarin. Le conseiller frontiste pour l’Outre-mer Jean-Michel Dubois se trouvait donc à Saint-Barthélemy lundi et il s’est rendu mardi à Saint-Martin. La délégation FN était en outre composée du secrétaire départemental pour la fédération Guadeloupe, Marc Guille et d’Huguette Fatna, conseillère régionale de la Région Alsace. Dans les îles du Nord, le bureau du FN est chapeauté par Patrick Ouvrard, secrétaire départemental pour Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Ce dernier résidant à Saint-Barth, un secrétaire général adjoint basé à Saint-Martin est en cours de nomination: Jérémy Mannella.
Le Front National estime qu’il bénéficie de 435 adhérents et sympathisants dans les îles du Nord et que les ultramarins représenteraient 10% de leurs partisans sur le territoire national.

Marine Le Pen prendra t-elle des cours d’anglais pour Saint-Martin ?

C’est la question à se poser après ses prises de positions quant à l’utilisation de la langue de Shakespeare dans une interview qu’elle avait donnée à la journaliste d’itélé Laurence Haïm, alors qu’elle se trouvait à New York pour le gala du magazine « Time » fin avril. « Je ne parle pas anglais, je suis fière d’être française » s’exclamait la présidente du Front National. En outre évoquant l’Europe, Marine Le Pen s’est dite « scandalisée de voir des ministres français se parler anglais entre eux » et « en toutes circonstances ».
A Laurence Haïm qui avance que l’anglais est aussi la langue du business, Marine Le Pen rétorque « je ne fais pas d’affaires, je fais de la politique, je défends une identité, je défends une histoire ». Mais à Saint-Martin, pour faire de la politique sur cette île où l’anglais est une langue maternelle, ce genre de discours risque fort de déplaire… Marine Le Pen serait-elle « scandalisée » d’entendre les élus d’une Collectivité d’Outre-mer s’exprimer aux aussi entre eux dans leur anglais fraternel ?

« Les gouvernements successifs ont créé des Français de seconde zone »

Le Front National entend convaincre les antillais que les gouvernements passés et présents les ont considérés comme « des français de seconde zone ». A Saint-Martin, la libre circulation et l’immigration constituent un terreau pour la rhétorique du FN.

Nous considérons que ces départements d’Outre-mer sont véritablement français » déclare d’entrée de jeu Jean-Michel Dubois, secrétaire national et conseiller politique de Marine Le Pen pour l’Outre-Mer. Objectif de sa présence : « s’expliquer » sur le programme « pour avoir plus d’adhésions ».
Estimant que « les gouvernements successifs ont créé des Français de seconde zone », le parti entend séduire l’électorat antillais en lui promettant « une égalité de traitement » et « une continuité territoriale effective », à commencer par « les déplacements inter-îles et sur la métropole ».

SAINT-MARTIN, VUE PAR LE FN

Pour tenir le bon discours, il faut connaître son sujet. Saint-Martin a donc été observée et le Front National a trouvé ici matière à légitimer son discours : « vous souffrez d’une certaine immigration clandestine qui commence à devenir catastrophique » analyse Jean-Michel Dubois. « La très grande majorité des clandestins bénéficient des avantages sociaux et éducatifs ».
Il est donc allé faire un tour du côté des établissements scolaires : « il suffit de voir le nombre de plaques d’immatriculation du côté hollandais ». Le système de santé serait aussi une aubaine pour la vision politique du FN : « à Marigot la très grande majorité des naissances sont le fait de clandestins » estime Jean-Michel Dubois, se fiant aux « informations qui nous sont communiquées ». Et de rappeler qu’à ce titre, Marine Le Pen prône la suppression du droit du sol.
Sur l’île, l’absence de frontière physique n’a pas échappée aux frontistes : « nous sommes pour le rétablissement des frontières et ici, s’il y en avait une, physique ou contrôlée, il n’y aurait pas tous ces problèmes » analyse le conseiller politique de Marine Le Pen. Sur la délinquance, il préconise « une police commune aux deux côtés de l’île ».

« Il y a un potentiel exceptionnel, des richesses incroyables, mais Saint-Martin doit être autre chose qu’un département dortoir, il faut développer le tourisme » prône Jean-Michel Dubois, à qui la distorsion entre côté français et côté hollandais n’a pas échappé. Il juge ainsi qu’il faut miser sur « la fiscalité pour favoriser l’investissement » et « revoir le coût du travail ».

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