Espagnols, à Ceuta et Melilla, ouvrez grand vos frontières

Espagnols, à Ceuta et Melilla, ouvrez grand vos frontières

Nous avons malheureusement engendré un « machin » qui échappe à tout contrôle démocratique !
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain



L’Europe a, malgré tout, nombre d’avantages, mais je comprends les eurosceptiques qui demandent que la France quitte l’Union. Un exemple montre, en effet, combien elle peut être nuisible !

Ainsi, le Parlement espagnol a voté le 26 mars dernier, avec bon sens, une loi autorisant les forces de l’ordre à repousser « à chaud » au-delà de la frontière les migrants en provenance du Maroc et entrant sur les enclaves africaines du royaume d’Espagne, les fameux présides de Ceuta et Melilla. Jusqu’alors, les migrants, dès qu’ils forçaient les barrières électrifiées et mettaient, ne serait-ce qu’un doigt de pied, sur un sol considéré en droit international comme espagnol, pouvaient déposer une demande d’asile, passer en Europe, devenir clandestins et, au final, être régularisés. Jeu lassant auquel Madrid a décidé de mettre fin. L’Europe, par la voix d’un de ses commissaires, a rappelé à l’ordre l’Espagne. Madrid est donc sommé de permettre à tout migrant qui le souhaite de déposer une demande d’asile sans avoir à escalader de clôture. En clair, on demande à l’Espagne de démanteler sa frontière et de permettre à qui le veut d’arriver sur le sol de l’Union !

Suite aux dernières arrivées de migrants sur les côtes européennes, TF1 a diffusé un reportage sur la façon dont l’Australie a réglé le problème : diffusion de spots dans les pays de départ indiquant qu’en aucun cas l’île-continent n’accueillerait les réfugiés et, surtout, mise en application d’une politique de reconduite systématique. Les migrants interceptés sur des bateaux (ou même débarqués clandestinement) ont le choix : repartir au point de départ ou être, le temps d’examiner la demande d’asile, internés dans des camps établis dans d’anciennes colonies ou des pays, ravis du reste de bénéficier d’une manne financière généreuse. Avec raison, le Premier ministre australien a, d’ailleurs, suggéré à l’Europe d’adopter une politique similaire à la sienne.

Mais las ! TF1 a précisé, avec justesse, que c’est impossible. D’abord parce que les ONG bien-pensantes nous submergeraient de critiques. Il suffirait, bien sûr, de se boucher les oreilles mais nous aurions droit à un sacré tohu-bohu (annulations de spectacles dans les États « fascistes », prises de parole récurrentes d’« artistes » engagés dans toutes les émissions et j’en passe !). Mais surtout parce que l’Union européenne (et uniquement elle) l’interdirait ! Les gouvernements, eux, seraient plus pragmatiques, quitte à améliorer la version australienne en augmentant les droits des migrants pour leur donner plus de garanties. Nous avons malheureusement engendré un « machin » qui échappe à tout contrôle démocratique !

Christian de Moliner

http://www.bvoltaire.fr/christiandemoliner/espagnols-ceuta-et-melilla-ouvrez-grand-vos-frontieres,173036?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=e483afa670-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-e483afa670-20427213&mc_cid=e483afa670&mc_eid=d78671cbc5