Qui se souvient de François Villon poète malfaiteur et grand poète lyrique de la littérature française ?

Quel personnage extraordinaire de par sa vie et son génie qui fit de lui, l'un des plus grands poètes de l'histoire de la poésie française. Ce n'est pas à la portée du premier venu d'avoir autant de talent. Pourtant, notre génie national fut un voyou et un maquereau habitué des tavernes à la lanterne rouge, chef de bande, voleur et assassin, Un véritable gougnafier de l'histoire des arts. Malgré ses débauches et ses crimes, il fut un immense artiste qui produit une poésie dérivée de sa vie.

Effectivement, je savais que François Villon était un fameux " zigoto " !! Mais quel talent !!
Heureusement, nous avons une de ses ballades qui fut si bien chantée par G. Brassens :

Ballade des Dames du temps jadis

Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?

En 5ème ou 4ème, nous apprenions " la ballade des pendus " , en vieux français....Je doute qu'on demande un tel effort à nos chérubins, aujourd'hui !   

https://youtu.be/TZu393u22u8

En musique c'est mieux   

Déjà nos chérubins laisseraient tomber une heure leurs IPhone, Ipad, ils seraient perdus, et à l'école, doivent parler le verlan et tous ces mots venant d'une catégorie de jeunes qui viennent des cités, bref le français se perd. Comme les coups de pieds au c...

Blanche d'Issy a écrit:En 5ème ou 4ème, nous apprenions " la ballade des pendus " , en vieux français....Je doute qu'on demande un tel effort à nos chérubins, aujourd'hui !   

Blanche, en effet, de mon temps les lycéens étudiaient et récitaient les oeuvres de Francois Villon. Tout comme vous, " la ballade des pendus " n'avait aucun secret pour nous autres, élèves studieux d'un temps, hélas révolu.

Pour ceux qui seraient intéressés d'en savoir plus sur l'oeuvre de Villon : cet homme qui fut un écolier débauché et un voleur de grands chemins, devenu poète, il créa une oeuvre composée d'un Petit et d'un grand Testament. Le " Petit Testament " est disons, une simple plaisanterie d'écolier. Avant de quitter Paris pour le voyage d'Angers, Villon imite les poètes d'Arras qui avaient mis à la mode les Congés. Pour prendre congé de Paris, il fait son Testament où il n'oublie personne, amis ni ennemis. A chacun, il laisse un legs plaisant qui est un souvenir gentil, si vous voulez une raillerie ou une cruelle satire. Quand il a ainsi écrit trois cents vers goguenards, il s'arrête, parce que son encre est gelée, Le gamin de Paris a pris congé de sa bonne ville. Le " Grand Testament " a une toute autre portée. Ce n'est pas de Paris que Villon prend congé; il va quitter la vie pour aller au charnier. Douloureusement, il revient sur le passé : il aurait pu être lui aussi un honnête homme mais la pauvreté l'a jeté dans les actions louches; puis il est devenu le prisonnier de ses fautes, et il a été un voleur et un assassin. Il en souffre, parce que son âme candide aimait le bien et avait horreur du mal : à quel martyre son corps l'a condamné !

Après avoir rappelé ces tristes souvenirs, Villon commence son testament. Tous ceux qui l'ont aimé, tous ceux qui l'ont persécuté, repassent devant ses yeux; il revoit ce chanoine qui fut pour lui plus que père et le sauva de maints bouillons et il lui lègue sa mauvaise réputation et son roman; il revoit sa mère, la pauvre veuve du quartier des Célestins qui ne sait ni lire ni écrire, et lui lègue, touchante pensée, une naïve ballade pour prier << ma Dame Marie >>; il revoit ses compagnons de plaisir dont quelques-uns ont été pendus et il se lamente sur la rapidité de l'existence. Il passe en revue ses ennemis et, pour chacun, il inscrit un legs railleur qui sera la plus mordante des satires. Il fait le tour de ce Paris qu'il a tant aimé; il va jusqu'au charnier des Innocents et il nous montre sur les cadavres le travail de la mort. Il sort de Paris; il va jusqu'à Montfaucon, contempler les pendus que peu s'en fallut autrefois qu'il fût de leur confrérie. Il lègue son âme à Dieu, son corps à notre mère la terre, il règle ses funérailles et, n'ayant plus rien à donner, il peut attendre tranquille que la mort le prenne.

alienordd'aquitaine a écrit :...<< Effectivement, je savais que François Villon était un fameux " zigoto " !! Mais quel talent !! >>

En effet, on peut dire que François Villon était un "sacré zigoto", un poète maudit qui serait né à la mort de Jeanne d'Arc en 1431, dans une France troublée. Actuellement, on ne sait presque rien de lui, à part ce que nous révèlent des faits consignés dans des régistres officiels de police. Il était loin d'être un imbécile pour un homme de ce temps, il fréquenta l'Université, fut reçu bachelier en 1449, et licencié Maître-es-lettres de la Faculté des Arts en 1452. Ce voyou était un lettré. Villon etait de tous les troubles universitaires, il se battait souvent contre le guet en compagnie des autres "escholiers". C'était un assidu aux tavernes et aux maisons de jeu. En 1455, pris à partie par un prêtre au cours d'une querelle nocturne, il le tua d'un coup d'épée et s'acharna sur lui à coup de pierre. Il quitta Paris à la sauvette avec quelques mauvais camarades afin d'échapper au gibet et pendant cinq ans, il vécut sur les grandes routes, affilié, pour vivre, à la bande des Coquillards, qui mettaient à rançon les voyageurs. La légende s'est emparée de bonne heure de cette vie si tourmentée dont la réalité est assez triste.

Ce malfrat fut en effet un poète de grand talent, un être humain qui éprouvait des émotions plus fortes que les autres. Il a exprimé des sentiments humains avec un art exquis et avec une sincérité frémissante qui nous émeut. Son oeuvre est pleine de cette rancoeur amère d'un homme qui était fait pour jouir de ce qu'il y a de meilleur dans la vie et qui a été condamné à la misère, aux fautes qui en découlent, aux crimes qu'engendrent ces fautes, à la bassesse vile du paria. Dans sa poésie on trouve la contradiction qu'il sente entre ce qu'il est, un truand, et ce qu'il aurait pu être, un privilégié. Villon nous montre toujours la réalité nue et il n'en cache pas les difformités. Dans la ballade il est absolument inimitable. Ce voleur nous émeut par sa sincérité et à travers ses fautes, il garde une étonnante candeur. Pafois, il fait même penser à un enfant naïf qui après avoir fait des bêtises demande pardon. Ce qui ne l'empêche pas de recommencer. Mais il sait qu'il est coupable et il regrette sincèrement ses crimes. Puis, brusquement il coupe l'émotion par une plaisanterie, comme s'il avait honte d'avoir été surpris dans une attitude qui convient si peu à un camarade des Coquillards. François Villon est un de ces personnages qui font rire, vous angoisse et vous attendrit.

Chevalier du temple a écrit:alienordd'aquitaine a écrit :...<< Effectivement, je savais que François Villon était un fameux " zigoto " !! Mais quel talent !! >>

En effet, on peut dire que François Villon était un "sacré zigoto", un poète maudit qui serait né à la mort de Jeanne d'Arc en 1431, dans une France troublée. Actuellement, on ne sait presque rien de lui, à part ce que nous révèlent des faits consignés dans des régistres officiels de police. Il était loin d'être un imbécile pour un homme de ce temps, il fréquenta l'Université, fut reçu bachelier en 1449, et licencié Maître-es-lettres de la Faculté des Arts en 1452. Ce voyou était un lettré. Villon etait de tous les troubles universitaires, il se battait souvent contre le guet en compagnie des autres "escholiers". C'était un assidu aux tavernes et aux maisons de jeu. En 1455, pris à partie par un prêtre au cours d'une querelle nocturne, il le tua d'un coup d'épée et s'acharna sur lui à coup de pierre. Il quitta Paris à la sauvette avec quelques mauvais camarades afin d'échapper au gibet et pendant cinq ans, il vécut sur les grandes routes, affilié, pour vivre, à la bande des Coquillards, qui mettaient à rançon les voyageurs. La légende s'est emparée de bonne heure de cette vie si tourmentée dont la réalité est assez triste.

Ce malfrat fut en effet un poète de grand talent, un être humain qui éprouvait des émotions plus fortes que les autres. Il a exprimé des sentiments humains avec un art exquis et avec une sincérité frémissante qui nous émeut. Son oeuvre est pleine de cette rancoeur amère d'un homme qui était fait pour jouir de ce qu'il y a de meilleur dans la vie et qui a été condamné à la misère, aux fautes qui en découlent, aux crimes qu'engendrent ces fautes, à la bassesse vile du paria. Dans sa poésie on trouve la contradiction qu'il sente entre ce qu'il est, un truand, et ce qu'il aurait pu être, un privilégié. Villon nous montre toujours la réalité nue et il n'en cache pas les difformités. Dans la ballade il est absolument inimitable. Ce voleur nous émeut par sa sincérité et à travers ses fautes, il garde une étonnante candeur. Parois, il fait même penser à un enfant naïf qui après avoir fait des bêtises demande pardon. Ce qui ne l'empêche pas de recommencer. Mais il sait qu'il est coupable et il regrette sincèrement ses crimes. Puis, brusquement il coupe l'émotion par une plaisanterie, comme s'il avait honte d'avoir été surpris dans une attitude qui convient si peu à un camarade des Coquillards. François Villon est un de ces personnages qui font rire, vous angoisse et vous attendrit.

Merci pour toutes ces informations sur François Villon que j'ai toujours beaucoup aimé.
Comme Blanche, j'ai appris aussi la " ballade des pendus ". Je crois que c'était en 4ème. Nous apprenions aussi les " contes et prosateurs du Moyen-Age ", Chrétien de Troyes, etc ...
Je doute que les jeunes connaissent ces classiques......!

 J'avoue une grande passion pour cet auteur au talent immense, d'une époque tellement différente de la notre.

Sa vie mouvementée fut loin d'être exemplaire mais comme il fait bon de relire ses beaux poèmes qui sont savoureux, abordables, compréhensibles, donc touchants. Ses poèmes sont tellement colorés et la sonorité de ses vers gracieuse. Aucun sentiment humain ne lui est étranger. Il nous a donné des poèmes puissants et mysterieux, et ouvert une voie somptueuse pour les poètes qui suivront. Sa triste vie est aussi sordide par ses actes, que sa poésie est grandiose. Quand on pense qu'il aurait pu avoir une vie paisible car les nobles de ce temps lointain aimaient son art. Mais malheureusement, cette vie ne l'attirait pas. A la stabilité il a préféré la vie des rues de Paris avec les canailles, une vie immorale et dissolue. Notre garnement de poète va brûler sa vie à toute vitesse, et va passer rapidement des farces estudiantines du Quartier Latin aux crimes de sang.

Pour bien connaître François Villon, il est important de se placer dans le contexte de son temps. Ce Paris du XVème siècle représente une époque où la majorité de la population est indigente. La justice est ce qu'il y a de plus cruelle et de plus expéditive. Actuellement, on torture et on pend publiquement. Parfois on pousse même la raffinerie jusqu'à ébouillanter à mort les condamnés sans aucune morale ou pitié. C'est un spectacle que la foule semble beaucoup apprécier comme au temps des jeux du cirque romain. La cruauté régale les puissants comme les gueux. La mère de Villon, elle-même, sera suppliciée atrocement pour le vol de deux harengs destinés à nourrir ses enfants. Après l'avoir copieusement torturée, on lui coupa les oreilles, et finalement elle sera enterrée vivante. Quant à son père, il sera pendu haut et court pour le simple vol d'une chemise. Orphelin à l'âge de six ans, Villon aura la chance d'être élevé par un saint homme débordant de bonté, l'abbé Villon qui lui donnera son nom et le dirigera vers les études. Mais devenu ado potache gouailleur, il grandira un peu comme une herbe folle. C'est une époque où l'espérance de vie est faible, et où la violence barbare qui règne est outrancière. Les rues de Paris sont malfamées et nombreux sont les rixes, les vols, les viols, les tortures et les meurtres. Les joyeusetés moyenâgeuses de cette époque sont une source de dégoût, comme par exemple cette histoire de deux charcutiers qui récupéraient des corps fraîchement trépassés, pour en faire des terrines. Disette oblige !

Donc, notre poète qui est un être turbulent, aime la compagnie des coquins et des ribaudes, à celle des maîtres de la Sorbonne. Ce fabuleux poète des tavernes et des brigands qui bénéficie d'un talent immense, se plait dans l'ordure et n'aspire qu'à vivre mille expériences criminelles. Certaines de ses actions sont absolument rebutantes et peu glorieuses. Par exemple, afin d'être introduit dans la bande des Coquillards, cette bande d'écorcheurs sans pitié ni loi qui ne recherche que le mal, il n'hésite pas à commettre l'acte épouvantable de livrer sa belle Isabelle à cette bande de malfaisants, en signe d'allégeance. Cette pauvre femme sera violée par toute la bande en sa présence, sans qu'il n'éprouve aucun remord. C'est avec eux qu'il consommera définitivement la forfaiture. On peut admirer son oeuvre mais il est difficile de lui accorder le pardon car dans sa vie, il fut une véritable ordure révoltante. Pourtant, certains de ses écrits nous arrache parfois un peu de pitié.