- Froan Vamed
- Date d'inscription : 08/03/2013
Passion : Littérature, cinéma, jeux vidéo, musique, bandes dessinées et sculptures.
Le meilleur des mondes
Lun 2 Juin 2014 - 22:30
Le meilleur des mondes (1931) de Aldous Huxley
"La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs d'où les prisonniers ne songeraient pas à s'évader. Un système d'esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l'amour de leur servitude."
Aldous Huxley, 1932.
Oui, ce livre qui n'est paraît aujourd'hui plus actuel que jamais, n'a été écrit qu'en 1930. Visionnaire, Huxley ?
Donc, je viens de lire ce célèbre livre de SF (et plus précisément dystopique) et je souhaitais partager avec vous cette lecture, qui m'a effrayée autant que j'ai aimé lire ce livre.
Je vous recopie la quatrième de couverture (édition Pocket) :
"Voici près d'un siècle, dans d'étourdissantes visions, Aldous Huxley imagine une civilisation future jusque dans ses rouages les plus surprenants : un Etat mondial, parfaitement hiérarchisé, a cantonné les derniers humains "sauvages" dans des réserves. La culture in vitro des foetus a engendré le règne des Alphas, génétiquement déterminés à être l'élite dirigeante. Les castes inférieures, elles, sont conditionnées pour se satisfaire pleinement de leur sort. Dans cette société où le bonheur est loi, famille monogamie, sentiments sont bannis. Le meilleur des mondes est possible.
Aujourd'hui, il nous paraît même familier..."
En gros, pour vous expliquer plus en détails : suite à une effroyable guerre et à un effondrement économique (tiens, tiens) est institué un Etat mondial, auquel les populations se soumettent de bon coeur, leur assurant la sécurité et le bien-être. L'histoire débute plusieurs siècles après ces évènements. Les pays ont disparus. Les bébés sont créés artificiellement et conditionnés dès l'enfance à être des Alphas, des Bêtas, des Gammas, des Deltas ou des Epsilons (la classe la plus basse). La notion de père et de mère n'existe plus. D'ailleurs, le mariage lui-même n'existe plus. L'hyper-sexualité est cependant encouragée, les enfants apprenant dès leurs premiers jours à se livrer à des jeux érotiques...et à utiliser les moyens de contraception. Les individus sont conditionnés pour n'éprouver aucun sentiment ni émotion, et si cela arrivait, ils pourraient toujours prendre une dose de soma, une drogue abrutissante annihilant toute émotion indésirable. Ils sont encouragés à se divertir grâce aux nombreux loisirs qui leur sont mis à disposition. La religion elle aussi a disparu. De même que la guerre, la famine, la jalousie. Bonheur est le maître mot de cette société, où chacun est à sa place et en est ravi. Seuls quelques humains "sauvages" subsistent encore, parqués dans des "réserves".
Je vais vous citer quelques extraits qui m'ont semblé intéressants.
Dans la préface :
"Un Etat totalitaire vraiment "efficient" (...) [aurait] la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude".
"Les chevilles rondes dans des trous carrés ont tendance à avoir des idées dangereuses sur le système social et à contaminer les autres de leur mécontentement." L'auteur fait sans doute ici référence à deux personnages de l'histoire, Bernard et Helmutz, qui ont fini par développer un esprit critique malgré leur conditionnement car justement ils étaient différents : Bernard était "sous-développé" à cause d'une erreur de manip durant sa conception, il est plus rachitique, plus timoré que les autres Alpha et est rejeté par eux, il se sent donc différent, tandis que Helmutz c'est le fait d'être "trop développé", étant un véritable génie, qui le fait se sentir à part.
"A mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s'accroître en compensation. Et le dictateur (...) fera bien d'encourager cette liberté-là. (...) Elle contribuera à réconcilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort."
"Aujourd'hui, il semble pratiquement possible que cette horreur puisse s'être abattue sur nous dans le délai d'un siècle."
Dans l'histoire elle-même :
"La guerre de Neuf Ans, le Grand Effondrement économique. Il y avait le choix entre l'Administration mondiale et la destruction. Entre la stabilité et [l'instabilité]..." On apprend que cette société s'est bâtie suite à une guerre et un effondrement économique. Voilà qui donne matière à réflexion...
"Deux enfants (...) s'amusaient, fort gravement (...) à un jeu sexuel rudimentaire"
"D'un buisson voisin sortit une infirmière, tenant par la main un petit garçon qui hurlait (...)
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le Directeur.
L'infirmière haussa les épaules.
- Pas grand-chose, répondit-elle. C'est tout simplement ce petit garçon qui ne semble guère disposé à prendre part aux jeux érotiques ordinaires."
Il s'agit maintenant (fin du livre) d'une discussion entre un des Administrateurs mondiaux et le "Sauvage" qui a vécu depuis tout petit en dehors de cette "civilisation" :
"Ici nous n'avons pas l'emploi des vieilles choses.
- Même si elles sont belles ?
- Surtout si elles sont belles. La beauté attire, et nous ne voulons pas qu'on soit attiré par les vieilles choses. Nous voulons qu'on aime les neuves."
"Il a fallu choisir entre ce qu'on appelait autrefois le grand art et le bonheur."
"On ne peut demander qu'à un Epsilon de faire des sacrifices d'Epsilon, pour la bonne raison que, pour lui, ce ne sont pas des sacrifices ; c'est la ligne de moindre résistance."
Je continuerais demain je pense
"La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs d'où les prisonniers ne songeraient pas à s'évader. Un système d'esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l'amour de leur servitude."
Aldous Huxley, 1932.
Oui, ce livre qui n'est paraît aujourd'hui plus actuel que jamais, n'a été écrit qu'en 1930. Visionnaire, Huxley ?
Donc, je viens de lire ce célèbre livre de SF (et plus précisément dystopique) et je souhaitais partager avec vous cette lecture, qui m'a effrayée autant que j'ai aimé lire ce livre.
Je vous recopie la quatrième de couverture (édition Pocket) :
"Voici près d'un siècle, dans d'étourdissantes visions, Aldous Huxley imagine une civilisation future jusque dans ses rouages les plus surprenants : un Etat mondial, parfaitement hiérarchisé, a cantonné les derniers humains "sauvages" dans des réserves. La culture in vitro des foetus a engendré le règne des Alphas, génétiquement déterminés à être l'élite dirigeante. Les castes inférieures, elles, sont conditionnées pour se satisfaire pleinement de leur sort. Dans cette société où le bonheur est loi, famille monogamie, sentiments sont bannis. Le meilleur des mondes est possible.
Aujourd'hui, il nous paraît même familier..."
En gros, pour vous expliquer plus en détails : suite à une effroyable guerre et à un effondrement économique (tiens, tiens) est institué un Etat mondial, auquel les populations se soumettent de bon coeur, leur assurant la sécurité et le bien-être. L'histoire débute plusieurs siècles après ces évènements. Les pays ont disparus. Les bébés sont créés artificiellement et conditionnés dès l'enfance à être des Alphas, des Bêtas, des Gammas, des Deltas ou des Epsilons (la classe la plus basse). La notion de père et de mère n'existe plus. D'ailleurs, le mariage lui-même n'existe plus. L'hyper-sexualité est cependant encouragée, les enfants apprenant dès leurs premiers jours à se livrer à des jeux érotiques...et à utiliser les moyens de contraception. Les individus sont conditionnés pour n'éprouver aucun sentiment ni émotion, et si cela arrivait, ils pourraient toujours prendre une dose de soma, une drogue abrutissante annihilant toute émotion indésirable. Ils sont encouragés à se divertir grâce aux nombreux loisirs qui leur sont mis à disposition. La religion elle aussi a disparu. De même que la guerre, la famine, la jalousie. Bonheur est le maître mot de cette société, où chacun est à sa place et en est ravi. Seuls quelques humains "sauvages" subsistent encore, parqués dans des "réserves".
Je vais vous citer quelques extraits qui m'ont semblé intéressants.
Dans la préface :
"Un Etat totalitaire vraiment "efficient" (...) [aurait] la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude".
"Les chevilles rondes dans des trous carrés ont tendance à avoir des idées dangereuses sur le système social et à contaminer les autres de leur mécontentement." L'auteur fait sans doute ici référence à deux personnages de l'histoire, Bernard et Helmutz, qui ont fini par développer un esprit critique malgré leur conditionnement car justement ils étaient différents : Bernard était "sous-développé" à cause d'une erreur de manip durant sa conception, il est plus rachitique, plus timoré que les autres Alpha et est rejeté par eux, il se sent donc différent, tandis que Helmutz c'est le fait d'être "trop développé", étant un véritable génie, qui le fait se sentir à part.
"A mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s'accroître en compensation. Et le dictateur (...) fera bien d'encourager cette liberté-là. (...) Elle contribuera à réconcilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort."
"Aujourd'hui, il semble pratiquement possible que cette horreur puisse s'être abattue sur nous dans le délai d'un siècle."
Dans l'histoire elle-même :
"La guerre de Neuf Ans, le Grand Effondrement économique. Il y avait le choix entre l'Administration mondiale et la destruction. Entre la stabilité et [l'instabilité]..." On apprend que cette société s'est bâtie suite à une guerre et un effondrement économique. Voilà qui donne matière à réflexion...
"Deux enfants (...) s'amusaient, fort gravement (...) à un jeu sexuel rudimentaire"
"D'un buisson voisin sortit une infirmière, tenant par la main un petit garçon qui hurlait (...)
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le Directeur.
L'infirmière haussa les épaules.
- Pas grand-chose, répondit-elle. C'est tout simplement ce petit garçon qui ne semble guère disposé à prendre part aux jeux érotiques ordinaires."
Il s'agit maintenant (fin du livre) d'une discussion entre un des Administrateurs mondiaux et le "Sauvage" qui a vécu depuis tout petit en dehors de cette "civilisation" :
"Ici nous n'avons pas l'emploi des vieilles choses.
- Même si elles sont belles ?
- Surtout si elles sont belles. La beauté attire, et nous ne voulons pas qu'on soit attiré par les vieilles choses. Nous voulons qu'on aime les neuves."
"Il a fallu choisir entre ce qu'on appelait autrefois le grand art et le bonheur."
"On ne peut demander qu'à un Epsilon de faire des sacrifices d'Epsilon, pour la bonne raison que, pour lui, ce ne sont pas des sacrifices ; c'est la ligne de moindre résistance."
Je continuerais demain je pense
- InvitéInvité
Re: Le meilleur des mondes
Lun 2 Juin 2014 - 22:47
J'ai lu il y a quelques années, cet écrivain est un visionnaire, nous arrivons dans ce monde là.
Pour la petite histoire, dans le bouquin il parle du cinéma à odeur, j'ai lu récemment dans science et vie si mes souvenirs sont bons qu'une nouvelle application sur le smart-phone permettrait de diffuser des parfums...
Oh my ford !
Il est des types comme ça, avant-gardiste qui ont une vision ou une imagination de l'avenir. Comme RAMPA qui parlait dans les années 50 d'une télévision en 3D... nous sommes en plein dedans.
- citoyendu49
- Date d'inscription : 20/05/2014
Passion : un changement radical
Re: Le meilleur des mondes
Mar 3 Juin 2014 - 0:33
Aldous Huxley et Georges Orwell ont marqué mes jeunes années, je considérais "Le meilleur des mondes" et "1984" comme 2 chef-d'œuvres absolus, mais je n'aurais jamais cru possible que de telle projections futuristes puissent un jour se réaliser d'une certaine manière.
Pourtant aujourd'hui nous sommes à l'aube d'une révolution technologique sans nulle comparaison avec les précédentes.
La génétique, l'imprimante 3D, la nanotechnologie, qui va bouleverser l'humanité, changer radicalement, notre mode vie notre façon de penser.
Reste plus qu'a espérer que ce meilleur des mondes ne devienne pas le nôtre !
Pourtant aujourd'hui nous sommes à l'aube d'une révolution technologique sans nulle comparaison avec les précédentes.
La génétique, l'imprimante 3D, la nanotechnologie, qui va bouleverser l'humanité, changer radicalement, notre mode vie notre façon de penser.
Reste plus qu'a espérer que ce meilleur des mondes ne devienne pas le nôtre !
- Blanche d'IssyModérateurs
- Localisation : Rhône Alpes
Date d'inscription : 23/01/2011
Re: Le meilleur des mondes
Mar 3 Juin 2014 - 5:46
Malheureusement je crois que nous y sommes déjà...tout concorde si bien, point par point...Sommes-nous les derniers Sauvages ?......
- Ocean
- Localisation : Var et Paris 5ème
Date d'inscription : 11/09/2012
Passion : Histoire
Re: Le meilleur des mondes
Mar 3 Juin 2014 - 10:16
niclenli a écrit:C'est facile d'être visionnaire:
Dans 500 ans, les gens pourront se téléporter.
Nous aurons exploré d'autres planètes.
Mais seulement si l'être humain estcore là!
Tout le monde peut être visionnaire à l'allure où va la technologie.
Voyez l'évolution des téléphones portables en à peine 20 ans donc je vous laisse imaginer en 500 ans..... (même si c'est pas le meilleur exemple)
Au rythme où l'homme détruit la planète pour sa nouvelle religion, le fric, je crois que dans 500 ans l'homme aura disparut depuis longtemps.
- Froan Vamed
- Date d'inscription : 08/03/2013
Passion : Littérature, cinéma, jeux vidéo, musique, bandes dessinées et sculptures.
Re: Le meilleur des mondes
Mar 3 Juin 2014 - 21:21
"[Les Epsilon] sont plus heureux que vos amis que voici, par exemple -il les désigna du doigt.
- En dépit de ce travail affreux ?
- Affreux ? Ils ne le trouvent pas tel, eux. Au contraire, il leur plaît. Il est léger, d'une simplicité enfantine. Pas d'effort excessif de l'esprit ni des muscles. Sept heures et demie d'un travail léger, nullement épuisant, et ensuite la ration de soma, les sports, la copulation sans restriction, et le Cinéma sentant. Que pourraient-ils demander de plus ?"
"Il y en a des milliers [des plans destinés à faire des économies de main d'oeuvre] - Mustapha Menier [l'administrateur mondial] fit un geste large. - Et pourquoi ne les mettons-nous pas à exécution ? Pour le bien des travailleurs ; ce serait cruauté pure de leur infliger des loisirs excessifs."
"Tout changement est une menace pour la stabilité".
"Ce n'est pas seulement l'art qui est incompatible avec le bonheur ; il y a aussi la science."
"Le bonheur est un maître exigeant, surtout le bonheur d'autrui. Un maître beaucoup plus exigeant, si l'on n'est pas conditionné pour l'accepter sans poser de questions, que la vérité."
"Mais la vérité est une menace, la science un danger public."
"A ce moment-là, les gens étaient disposés à ce qu'on tînt en bride jusqu'à leur appétit. N'importe quoi, pourvu qu'on pût vivre tranquille."
Concernant la religion :
"Dieu n'est pas compatible avec les machines, la médecine scientifique et le bonheur universel."
"Pourtant, malgré tout, insista le Sauvage, il est naturel de croire en Dieu quand on est seul, tout seul, la nuit, quand on songe à la mort...
- Mais on est jamais seul à présent, dit Mustapha Menier. Nous faisons en sorte que les gens détestent la solitude ; et nous disposons la vie de telle sorte qu'il leur soit à peu près impossible de la connaître jamais".
"Comme citoyen heureux, assidu au travail, consommateur de richesses, il est parfait. Bien entendu, si vous choisissez un modèle d'existence différent du nôtre, alors peut-être pourrez-vous dire qu'il est dégradé. Mais il faut s'en tenir à des séries de postulats. On ne peut pas jouer au Golf électro-magnétique en suivant les règles de la Ballatelle centrifurge."
"Si vous vous laissiez aller à penser à Dieu, vous ne vous laisseriez pas dégrader par des vices aimables. Vous auriez une raison de supporter patiemment les choses, pour faire les choses avec courage. J'ai vu cela chez les Indiens.
- J'en suis convaincu, dit Mustapha Menier. Mais aussi, nous ne sommes pas des Indiens. Un homme civilisé n'a nul besoin de supporter quoi que ce soit de sérieusement désagréable. Et quant à faire les choses -Ford le garde d'avoir jamais cette idée en tête !- tout l'ordre social serait bouleversé si les hommes se mettaient à faire les choses de leur propre initiative."
- Et le renoncement alors ? (...)
- Mais la civilisation industrielle n'est possible que lorsqu'il n'y a pas de renoncement. La jouissance jusqu'aux limites extrêmes que lui imposent l'hygiène et les lois économiques. (...)
- Vous auriez un motif de chasteté ! dit le Sauvage. (...)
- Mais qui dit chasteté dit passion ; qui dit chasteté dit neurasthénie. Et la passion et la neurasthénie, c'est l'instabilité. (...) On ne peut avoir de civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables."
"Dans une société convenablement organisé comme la nôtre, personne n'a l'occasion d'être noble ou héroïque."
"Mais il n'y a pas de guerres de nos jours. On prend le plus grand soin de vous empêcher d'aimer exagérément quoi que ce soit."
A ce modèle de société, le Sauvage répond :
"Oui, c'est bien là votre manière. Se débarrasser de tout ce qui est désagréable au lieu d'apprendre à s'en accommoder."
"Mais je n'en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté.
- En somme, dit Mustapha Menier, vous réclamez le droit d'être malheureux.
- Eh bien, soit, dit le Sauvage d'un ton de défi, je réclame le droit d'être malheureux."
- En dépit de ce travail affreux ?
- Affreux ? Ils ne le trouvent pas tel, eux. Au contraire, il leur plaît. Il est léger, d'une simplicité enfantine. Pas d'effort excessif de l'esprit ni des muscles. Sept heures et demie d'un travail léger, nullement épuisant, et ensuite la ration de soma, les sports, la copulation sans restriction, et le Cinéma sentant. Que pourraient-ils demander de plus ?"
"Il y en a des milliers [des plans destinés à faire des économies de main d'oeuvre] - Mustapha Menier [l'administrateur mondial] fit un geste large. - Et pourquoi ne les mettons-nous pas à exécution ? Pour le bien des travailleurs ; ce serait cruauté pure de leur infliger des loisirs excessifs."
"Tout changement est une menace pour la stabilité".
"Ce n'est pas seulement l'art qui est incompatible avec le bonheur ; il y a aussi la science."
"Le bonheur est un maître exigeant, surtout le bonheur d'autrui. Un maître beaucoup plus exigeant, si l'on n'est pas conditionné pour l'accepter sans poser de questions, que la vérité."
"Mais la vérité est une menace, la science un danger public."
"A ce moment-là, les gens étaient disposés à ce qu'on tînt en bride jusqu'à leur appétit. N'importe quoi, pourvu qu'on pût vivre tranquille."
Concernant la religion :
"Dieu n'est pas compatible avec les machines, la médecine scientifique et le bonheur universel."
"Pourtant, malgré tout, insista le Sauvage, il est naturel de croire en Dieu quand on est seul, tout seul, la nuit, quand on songe à la mort...
- Mais on est jamais seul à présent, dit Mustapha Menier. Nous faisons en sorte que les gens détestent la solitude ; et nous disposons la vie de telle sorte qu'il leur soit à peu près impossible de la connaître jamais".
"Comme citoyen heureux, assidu au travail, consommateur de richesses, il est parfait. Bien entendu, si vous choisissez un modèle d'existence différent du nôtre, alors peut-être pourrez-vous dire qu'il est dégradé. Mais il faut s'en tenir à des séries de postulats. On ne peut pas jouer au Golf électro-magnétique en suivant les règles de la Ballatelle centrifurge."
"Si vous vous laissiez aller à penser à Dieu, vous ne vous laisseriez pas dégrader par des vices aimables. Vous auriez une raison de supporter patiemment les choses, pour faire les choses avec courage. J'ai vu cela chez les Indiens.
- J'en suis convaincu, dit Mustapha Menier. Mais aussi, nous ne sommes pas des Indiens. Un homme civilisé n'a nul besoin de supporter quoi que ce soit de sérieusement désagréable. Et quant à faire les choses -Ford le garde d'avoir jamais cette idée en tête !- tout l'ordre social serait bouleversé si les hommes se mettaient à faire les choses de leur propre initiative."
- Et le renoncement alors ? (...)
- Mais la civilisation industrielle n'est possible que lorsqu'il n'y a pas de renoncement. La jouissance jusqu'aux limites extrêmes que lui imposent l'hygiène et les lois économiques. (...)
- Vous auriez un motif de chasteté ! dit le Sauvage. (...)
- Mais qui dit chasteté dit passion ; qui dit chasteté dit neurasthénie. Et la passion et la neurasthénie, c'est l'instabilité. (...) On ne peut avoir de civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables."
"Dans une société convenablement organisé comme la nôtre, personne n'a l'occasion d'être noble ou héroïque."
"Mais il n'y a pas de guerres de nos jours. On prend le plus grand soin de vous empêcher d'aimer exagérément quoi que ce soit."
A ce modèle de société, le Sauvage répond :
"Oui, c'est bien là votre manière. Se débarrasser de tout ce qui est désagréable au lieu d'apprendre à s'en accommoder."
"Mais je n'en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté.
- En somme, dit Mustapha Menier, vous réclamez le droit d'être malheureux.
- Eh bien, soit, dit le Sauvage d'un ton de défi, je réclame le droit d'être malheureux."
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