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Petite pensée à nos anciens de nos campagnes de France.
Mar 18 Fév 2014 - 21:47
L'ancien.
Il admirait toujours le même paysage.
Assis sur le vieux banc, sa canne entre les mains.
Lorsque le soir venu il scrutait les nuages,
Son regard se posait sur les beaux monts sereins.
Il aimait tant sa terre qui l'avait fait souffrir,
Dont il eut retourné des centaines d'arpents.
Mais douce tortionnaire elle offrit ce plaisir,
D'en abreuver ses bêtes, sa femme et ses enfants.
Regard dans le néant, revenait le passé.
Une vie de labeur, mais si pleine d’amour.
Chaudes soirées d'hiver près de la cheminée,
Qui font croire que la vie est acquise, pour toujours.
Il revoyait sa Jeanne et son regard d’azur
Souvenirs d’un amour, d’un accord si parfait.
Elle l’attendait là haut, de ça il était sûr.
Au-delà de la vie, ils se retrouveraient.
Ses fils étaient partis pour la ville lumière,
Où ils feraient leur vie, si loin de la nature.
Mais il avait compris que cette vie austère,
Prendrait quelques années, redevenant futur.
Cette nuit là fut fraîche, parfum d’évanescence.
Quand la bise du Nord vint frapper au volet,
L’ancien s’en est allé sans un râle, en silence.
Sous la roue de la vie, cette roue qui tournait.
JYL
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- Chevalier du Temple
- Localisation : New York USA
Date d'inscription : 20/08/2013
Passion : Histoire & littérature
Humeur : Patriotique
Re: Petite pensée à nos anciens de nos campagnes de France.
Mer 19 Fév 2014 - 7:54
Il y a bien longtemps, du fin fond de mon enfance passée dans une ferme de Normandie, je me rappelle du premier labour de septembre qui enchantait ma vie d'enfant. La veille, des nuées d'orage, sorties de la mer, de l'aube jusqu'au soir, avaient passé sur le pays normand, versant leur pluie aux terres toutes fumantes. Un parfum de terre mouillée dont je porte encore le souvenir jusqu'à ce jour, se répandait sur la campagne. Curieusement, aucun oiseau ne chantait et le silence matinal n'était perturbé que par le sond des gouttes d'eau formàes pendant la nuit, qui s'écrasaient au pied des arbres. Dans le lointain on entendait le grincement d'une charrue et les appels du paysan à ses boeufs, lesquels annonçaient le commencement des labours d'automne.
A la ferme, ma grand-mère chauffait le four pour y mettre la pâte de pain. Une belle flamme ardente jaillissait déjà de l'ouverture beante en demi-cercle. Cette brave fermière poussait dans le brasier des fagots de bois entiers. Puis apportant la pâte de pain dans une grande corbeille de paille, elle me demandait de l'aider à enfourner. Une à une, les mottes de pâte étaient placées sur les carreaux brûlants. Il y avait de quoi nourrir toute la famille. Souvent je pense à cette bonne odeur de pain frais qui s'échappait des fentes du four. Le facteur qui faisait sa tournée à bicyclette deux fois par semaine, s'arrêtait à la ferme pour apporter le courrier et nous donner des nouvelles de la région. A midi, les hommes revenaient des champs pour le repas quotidien. L'odeur inoubliable du pain chaud, véritable parfum de vie, s'épandait autour de la ferme. Les hommes aux bras muscles qui ressemblaient à des noeuds de chêne, mangeaient leurs assiettes de soupe fumante, tout en parlant des labours. Un peu plus tard, c'était le retour aux champs. Deux boeufs superbes à l'allure lente et souple, Paladin et Matelot, traînaient sans peine la charrue qui mordait bien à la terre. Le soc, avec un bruit de faux qu'on éguise, s'enfonçait dans la terre qui s'ouvrait palpitante et se brisait comme les eaux divisées par l'entrave d'un bateau. Une vapeur sortait du sol frais surpris par la chaleur du jour. Le dialogue entre le paysan qui tenait le harnais et ses boeufs, était quelque chose d'extraordinaire à entendre :.....<< Prends garde mon Paladin, tu as l'air endormi aujourd'hui, Matelot gagne à gauche, pas de relâchement, veille mon gars. >> Parfois il sifflait ou chantait pour ses boeufs qui semblaient comprendre. Il soutenait le pas des bêtes qui en connaissaient le rythme. Le paysan éreinté, en souriait de contentement. Il ne fallait point s'arrêter si l'on voulait finir avant la nuit.
A la ferme, ma grand-mère chauffait le four pour y mettre la pâte de pain. Une belle flamme ardente jaillissait déjà de l'ouverture beante en demi-cercle. Cette brave fermière poussait dans le brasier des fagots de bois entiers. Puis apportant la pâte de pain dans une grande corbeille de paille, elle me demandait de l'aider à enfourner. Une à une, les mottes de pâte étaient placées sur les carreaux brûlants. Il y avait de quoi nourrir toute la famille. Souvent je pense à cette bonne odeur de pain frais qui s'échappait des fentes du four. Le facteur qui faisait sa tournée à bicyclette deux fois par semaine, s'arrêtait à la ferme pour apporter le courrier et nous donner des nouvelles de la région. A midi, les hommes revenaient des champs pour le repas quotidien. L'odeur inoubliable du pain chaud, véritable parfum de vie, s'épandait autour de la ferme. Les hommes aux bras muscles qui ressemblaient à des noeuds de chêne, mangeaient leurs assiettes de soupe fumante, tout en parlant des labours. Un peu plus tard, c'était le retour aux champs. Deux boeufs superbes à l'allure lente et souple, Paladin et Matelot, traînaient sans peine la charrue qui mordait bien à la terre. Le soc, avec un bruit de faux qu'on éguise, s'enfonçait dans la terre qui s'ouvrait palpitante et se brisait comme les eaux divisées par l'entrave d'un bateau. Une vapeur sortait du sol frais surpris par la chaleur du jour. Le dialogue entre le paysan qui tenait le harnais et ses boeufs, était quelque chose d'extraordinaire à entendre :.....<< Prends garde mon Paladin, tu as l'air endormi aujourd'hui, Matelot gagne à gauche, pas de relâchement, veille mon gars. >> Parfois il sifflait ou chantait pour ses boeufs qui semblaient comprendre. Il soutenait le pas des bêtes qui en connaissaient le rythme. Le paysan éreinté, en souriait de contentement. Il ne fallait point s'arrêter si l'on voulait finir avant la nuit.
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