Nous l'avions presque oublié: Luc Chatel

Luc Chatel est un humaniste. Enfin, ça dépend avec qui…


Au siège de l’UMP se tenait, mardi soir, la première convention de France Moderne et Humaniste, l’aile gauche du mouvement, animée par Luc Chatel. Après avoir parlé « dialogue et rassemblement », il rappelle qu’il a voté contre le mariage pour tous, craignant les dérives de la PMA et de la théorie du genre. Échanges de regards perplexes : n’est-ce pas lui, alors ministre de l’Éducation nationale, qui a intégré cette sulfureuse théorie aux programmes scolaires ?

Après lui, un spécialiste des sondages nous apprend qu’un frémissement en faveur de la droite est perceptible. D’autres orateurs pleurent sur la démocratie malade… à cause des socialistes, bien sûr. Chacun s’exprime de manière policée, façon « tenue blanche » de loge. C’est ensuite le tour des militants qui ne s’intéressent qu’aux relations Fillon-Copé ou au retour de Sarko — tout ce dont se foutent les Français. Rien, en revanche, sur la pression migratoire, les dérives communautaires, la violence sociale… Trop vulgaire pour les humanistes de l’UMP.

Soudain, la mécanique bien huilée se détraque. Un élu, du genre Gérard Jugnot dans Pinot simple flic, prend la parole, s’honorant des bonnes relations qu’il entretient avec ses adversaires, communistes compris. La belle âme en appelle ensuite au renforcement du cordon sanitaire contre le FN, pour éviter la guerre civile. Dans l’assistance, beaucoup se regardent, surpris.

Un grand type s’approche : « Tu te sens pas un peu sale, de cracher ainsi sur la droite ? Les communistes aux cent millions de mort, ça ne te gêne pas ? » L’échange aurait pu en rester là. Mais notre élu antifasciste se rue vers la tribune : « Je viens de me faire insulter par ce type. Les fascistes pro-FN sont de plus en plus nombreux dans nos rangs. Il faut épurer ! »

Stupeur dans la salle. D’abord abasourdi par la reductio ad hitlerum dont il est l’objet, le grand type se ressaisit : « Des innocents sont morts dans les goulags parce que des veules de ton espèce les ont désignés comme « ennemis du peuple ». T’es un bolchevique ! »

Rires dans la salle, quelques applaudissements. L’élu courroucé gagne la sortie. Chatel reprit la main, annonçant l’arrivée de Raffarin. Jean-Pierre détend l’atmosphère. Jovial, onctueux, pédagogue, il explique la différence entre l’humaniste du PS et celui de l’UMP. Le premier, pour résumer, serait un peu lourd d’esprit ; le second est plus fin. Puis il parle rassemblement et rejette la tentation du clivage. Avant de condamner le populisme ! On sent du mépris pour la vox populi. En sortant, on s’interroge sur la nature de la droite humaniste…

Bruno Riondel, le 19 avril 2013


http://www.bvoltaire.fr/brunoriondel/luc-chatel-est-un-humaniste-enfin-ca-depend-avec-qui,19577